Critique8. Mai 2024

Critique de «Bouchon» sur Arte.tv, chronique jubilatoire d’une famille au bord de la crise de nerfs

Critique de «Bouchon» sur Arte.tv, chronique jubilatoire d’une famille au bord de la crise de nerfs
© LaBlogothèque

Un temps membre du collectif Golden Moustache, Éléonore Costes passe à la réalisation avec une mini-série détonante. Coup de cœur immédiat, à la fois touchante et réjouissante, «Bouchon» se délecte comme une bouffée d’air frais. À découvrir sur Arte.tv.

Alors qu’elle gagne sa croute dans un studio de tournage qui fait des sketchs pour Youtube, Éléonore, dit Lolo, (Éléonore Costes), la trentaine, est en passe de décrocher son premier rôle au cinéma. Une perspective qui pourrait l’emmener jusqu’à Tokyo, et alors que s’éveillent des rêves de 7e art, son père refuse de soigner son cancer. Une nouvelle qui agite les consciences de sa famille qui beugle aussi fort qu’elle s’aime. Aussi charmante que dysfonctionnelle, bientôt, les angoisses d’Éléonore sont à l’image de ses géniteurs: théâtraux, gargantuesques et attendrissants.

Pour méditer, Éléonore préfère écouter les boîtes noires d’avion qui se sont écrasés. Un sens aigu de la plénitude qu’elle tient certainement de ses parents (Arno Chevrier et Muriel Combeau). Caustique, grandiloquente, il y a dans le foyer une énergie de l’ordre de l’ouragan. Et du haut de leur hurlevent, Lolo, sa sœur (Raphaëlle Costes), et l’ensemble de l’équation familiale s’aime à couteaux tirés. Hostile, volubile, le terrain était bien mal habile, si tant qu’il ne le soit jamais, pour accueillir la nouvelle. Un cancer du côlon, certes, et qui de surcroît pourrait se soigner si Jean-Paul acceptait le traitement au lieu de parler de la Suisse et d’euthanasie.

Éléonore Costes et Arno Chevrier dans «Bouchon» © LaBlogothèque

Fort d’une excellente distribution et d’une écriture cinglante, Éléonore Costes et son coréalisateur Amaury Dequé offrent un divertissement hilarant et cathartique. Livré dans un court format (8 épisodes d’environ 20 minutes), les marasmes d’Éléonore, qui pourrait bien accomplir ses rêves, et de cette familiale chamboulée par les évènements, trouvent tour à tour des envolées poétiques et des perles d’émotions sincères. De la relation père-fille éreintante, à l’éventualité du départ d’un être cher, en passant par les angoisses inhérentes à la trentaine, la série «Bouchon» se cogne à des sujets de taille.

En tandem avec sa sœur enceinte ou empêtrée dans une forme de romantisme maladroit avec Sébastien Chassagne (croisé récemment dans «Yannick»), Éléonore Costes utilise le réalisme de ses plans pour approcher les gouffres de ses protagonistes. S’en décante des vérités éclaires et singulières, et c’est justement dans ses charmants déséquilibres que la réalisatrice nous offre de précieux instants de vie. Une mini-série coup de cœur, nous le disions dès l’entame, à ne manquer sous aucun bon prétexte.

«Bouchon» est à découvrir sur arte.tv

4,5/5★

Bande-annonce à «Bouchon»

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