Artikel24. Oktober 2018 Lino Cassinat
3 raisons pour lesquelles «Halloween» est le meilleur film d'horreur au cinéma cet automne
40 ans et 9 films après l’absolument génial «Halloween» de John Carpenter, le tueur Michael Myers revient une dixième fois devant la caméra de David Gordon Green dans un nouveau film également intitulé «Halloween», une suite directe du premier ignorant tous les autres épisodes. Si la copie n’est pas parfaite, elle est suffisamment puissante pour qu’on puisse dire sans hésiter qu'«Halloween» est le meilleur film d’horreur à aller voir au cinéma cet automne, et on vous explique pourquoi en trois points.
Cet article est sponsorisée par Universal Pictures Switzerland.
1 Michael Myers, un tueur flippant et original.
Il faut bien se rendre compte d’une chose, c’est que le succès du premier «Halloween» tient en grande partie sur son tueur et la manière qu’à John Carpenter de le filmer. John Carpenter est un réalisateur au parcours extrêmement particulier, toujours à contre-courant de son époque et fasciné par les formes abstraites du mal. En 1978, quand il conçoit Michael Myers, il créé un antagoniste follement anachronique, un mal sinueux, quasi-abstrait et si peu défini qu’il sera surnommé The Shape (La Forme), alors que règne en maître une certaine idée du gore et de la violence frontale, avec les hillbillies de «Massacre à la Tronçonneuse», les sadiques de «La Dernière Maison sur la Gauche» ou les violeurs mutants radioactifs de «La Colline a des yeux».
L’absence de sa silhouette est plus stressante que de l’avoir bien en vue – une définition de la peur en somme.
En 2018, Michael Myers est toujours une figure rafraîchissante, une forme de peur rare et détonnant du tout-venant horrifique. David Gordon Green a réussi à capter ce qui fait le charme unique de ce personnage, insondable et implacable : c’est une volonté en marche, agissant comme un programme muet et obscur, que rien n’arrête, pas même les balles. À la lisière entre humain et entité surnaturelle, personne ne peut comprendre totalement sa nature, ni ce qui l’anime, et la seule trace d’humanité restante semble être un certain sens artistique dans la mise en scène des cadavres qu’il laisse derrière lui, doublé d’une forme de sens de l’humour enfantin ultra-glaçant.
Michael Myers est un trou noir si dense que même lorsqu’il n’est pas à l’écran, le spectateur a le sentiment de sa présence, quelque part. C’est à tel point que paradoxalement, l’absence de sa silhouette est plus stressante que de l’avoir bien en vue. Une définition de la peur en somme. Il faut beaucoup de délicatesse pour arriver à un tel équilibre, et on salue le travail de David Gordon Green rien que pour ça, jouant plus sur la tension et le suspense face à l’inexorable que sur des effets cheap, pour avoir privilégié l’ambiance plutôt que les sempiternels jump scares.
2 Des personnages féminins forts.
Difficile d’exister face au terrifiant croquemitaine d’Haddonfield, et s’il faut bien reconnaître (comme nous l’avons dit dans notre critique) que les scènes sans Michael Myers pêchent un peu, il faut également admettre que les trois héroïnes du film ne déméritent pas pour autant. Si leurs histoires respectives ne sont pas bien passionnantes, il n’empêche que dès qu’elles entrent en confrontation avec le tueur, elles lui opposent une vraie résistance, chacune à leur manière, et génèrent de ce fait beaucoup de sympathie et d’admiration.
Les filles Strode, faut pas leur baver sur les rouleaux.
Laurie Strode (Jamie Lee Curtis) et sa descendance échappent au vieux cliché des personnages féminins pimbêches uniquement bonnes à hurler de peur. Plus largement même, «Halloween» s’évertue à organiser de nombreuses confrontations entre personnages masculins et féminins et s’amuse à toujours donner l’ascendant à ses personnages féminins. En plus du côté bad-ass de Laurie et de son expertise au combat (quitte même à pousser le curseur un peu trop loin), il faut voir la volonté de fer de sa fille Karen (Judy Greer), ou voir encore sa petite-fille Allyson (Andi Matichak) mettre un vent à un garçon un peu trop enclin à profiter d’un moment de vulnérabilité pour constater que «Halloween» tire le cinéma d’horreur vers le haut quant à ses représentations genrées. Les filles Strode, faut pas leur baver sur les rouleaux.
3 Une BO du feu de Dieu orchestrée par le maître John Carpenter lui-même.
John Carpenter, le réalisateur du «Halloween» originel de 1978 (et de nombreuses autres pépites), a pour trait particulier d’être également le compositeur et interprète de la musique de la grande majorité de ses films, et notamment du fameux theme à cinq temps d'«Halloween», désormais ultra-classique. Ses compositions ont durablement marqué l’approche de la musique de film d’horreur ainsi que des synthétiseurs, à tel point que désormais nombre de créations musicales modernes lui rendent très largement hommage, comme la BO du film «It Follows» ou encore des groupes comme Carpenter Brut ou Perturbator. L’équipe derrière ce nouvel «Halloween» s’est donc dit qu’en plus de l’avoir sous la main comme consultant créatif et producteur délégué, il serait une bonne idée de le prendre comme compositeur.
Si vous aimez les synthés rétro de manière générale, ici c’est du caviar.
Clairement, c’est une des meilleures décisions qui aient été prises concernant ce nouveau film, et si vous aimez les synthés rétro de manière générale, ici c’est du caviar. John Carpenter n’y va pas à la truelle, au contraire, aidé de son fils Cody et de Daniel A. Davies, ils revisitent finement la BO originelle en y incorporant de nouveaux éléments et arrangements, déployant une énergie nouvelle sans dénaturer pour autant le travail déjà accompli. Le résultat est vraiment grisant, d’autant plus que sa musique est très bien exploitée par David Gordon Green. Si vous n’avez pas des frissons de plaisir face au générique de début et sa nouvelle version dantesque du theme d’«Halloween», alors on ne peut plus rien pour vous.
«Halloween» peut être découvert au cinéma dès maintenant.
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