Kritik30. Januar 2023 Cineman Redaktion
«Last Dance» - Lâchez-moi les basques et laissez-moi danser
Pour garder vivant le lien avec son épouse décédée, François Berléand donne corps à un émouvant personnage qui découvre la danse contemporaine.
(Une critique de Laurine Chiarini)
À 75 ans, Germain (François Berléand) se retrouve soudainement veuf. Étouffé par la sollicitude excessivement zélée de son entourage, qui s’inquiète et le croit incapable de gérer seul son quotidien, il vit secrètement son deuil d’une façon bien particulière. Entraîné dans une troupe de danse contemporaine après une ancienne promesse faite à sa femme, il va devoir, littéralement, se bouger et donner de sa personne pour continuer à avancer.
«C’est comme dans le film Ratatouille : tout le monde peut cuisiner», explique Delphine Lehericey dans un parallèle fait entre cuisine et danse contemporaine. Tour à tour intello ou très drôle, cette discipline, accessible à tous et toutes, peut également se nourrir des particularités de chacun, concept cher à la réalisatrice et au personnage de la chorégraphe espagnole La Ribot, qui joue ici son propre rôle. Le mouvement, dont l’enregistrement constitue l’acte fondateur du cinéma, est également à la base du film.
C’est par la grâce d’une promesse poétique et mutuelle de finir ce que l’autre avait commencé que le personnage de François Berléand se retrouve à remplacer sa femme au pied levé dans une troupe de danse contemporaine pour la préparation d’un spectacle. Au moment de leur rencontre, les jeunes amoureux communiquaient par mots doux glissés entre deux pages d’un livre – les mêmes que leurs âges respectifs à l’époque : l’art sublime les souvenirs, embellit la communication et la fait perdurer au-delà de la mort.
Autre présence helvétique au générique, l’acteur Kacey Mottet Klein, qui a bien grandi depuis «Home» d’Ursula Meier en 2008, et incarne un membre de la troupe, coach et confident de Germain. Notons aussi la présence de Déborah Lukumuena, vue récemment face à Gérard Depardieu dans «Robuste». Si l’histoire est celle d’un deuil, la forme du récit prend en revanche celle d’une comédie qui sait justement doser la distance avec ses protagonistes.
D’un sujet lourd, la réalisatrice parvient à faire un film drôle et léger qui ne manque pas de tact. Si les enfants de Germain l’exaspèrent, c’est bien parce qu’ils le traitent lui-même comme un enfant : la troupe, lieu neutre ou tout le monde est accepté et le jugement est amoindri, lui offrira une seconde famille. Bien écrit, évitant élégamment les excès dramatiques, «Last Dance», accessible de 7 à 77 ans, nous tend un tendre miroir dans lequel chacun trouvera un petit morceau de sa réflexion.
4/5 ★
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