Kritik4. September 2020 Lino Cassinat
Amazon Prime: Que vaut réellement la deuxième saison de «The Boys»?
Lancée l’année dernière sur la plate forme de streaming Amazon Prime, la série «The Boys» a été un carton instantané au point de devenir la série la plus regardée de son diffuseur. La saison 2 a été évidemment instantanément commandée, et un an plus tard, la voici, pour le plus grand plaisir de nos yeux ébahis.
La situation est critique pour les Boys, contraints à vivre en cavale alors que leur leader Billy Butcher est introuvable. Starlight quant à elle semble s’accomoder de sa position au sein des Sept, et rien ne semble pouvoir arrêter le Protecteur après la mort de Madelyn Stillwell, et la menace de l’apparition de super-méchants plonge le pays dans la paranoïa. Mais l’arrivée de Stormfront, nouvelle super-héroïne implacable, pourrait changer la donne...
La première saison de «The Boys» nous avait ravis par son irrévérence et sa satire intelligente de la culture du super-héros américain, malgré un rythme parfois mal maîtrisé et quelques redondances, qui pouvaient faire craindre une certaine oisiveté, les sirènes du succès étant venues. Heureusement, il n’en sera rien, au contraire : cette saison 2 met les potards à fond et écrase tout sur son passage avec une puissance décuplée. L’équation est donc extrêmement simple : si vous avez aimé la saison 1 de «The Boys», vous allez adorer cette saison 2, qui gomme les défauts, amplifie les qualités de la série et apporte son lot d’évolutions et de nouveautés.
Si vous avez aimé la saison 1 de «The Boys», vous allez adorer cette saison 2 !
Confiante dans ses appuis et ayant probablement obtenu carte blanche de la part de sa production, «The Boys» est désormais partie dans une course aussi jouissive qu’effrénée. Les quelques limites de l’imagerie violente de la série ont disparus et elle plonge désormais tête la première là où cela fait mal, se permettant bon nombres de cruautés et de visions perverses, autant de choses que l’on imaginait plus possible dans le monde si lisse des grosses productions américaines en 2020.
Sachez que la scène avec le bateau et la baleine de la bande-annonce n’est qu’une mignardise innocente à côté de ce qui vous attend, et si vous avez été traumatisés par la violence de la scène de sexe de la saison 1 entre Popclaw et son propriétaire, sachez que vous n’avez encore rien vu, la série est plus affûtée et plus inventive encore qu’auparavant et l’on s’y amuse pleinement à chaque instant, d’autant que le casting s’en donne lui-même à coeur joie. Karl Urban est évidemment toujours impeccable en sadique à chemise à fleurs follement drôle, tandis que l’halluciné Anthony Starr qui vous donnera des cauchemars avec sa prestation absolument effroyable.
Si «The Boys» n’est évidemment pas à mettre devant tous les yeux compte tenu de sa violence assumée, on ne dire jamais à quel point elle mériterait en revanche d’être mise devant tous les cerveaux, car elle frappe également vigoureusement là où cela fait mal dans son discours. «The Boys» fond comme un oiseau de proie sur les hypocrisies modernes ainsi que de nombreux sujets polarisant notre monde, et crève les abcès avec la même violence qu’elle arrache des têtes, pulvérisant les consensualités d’usage avec un ton plus ravageur encore qu’avant.
Racisme, sexisme, paranoïa, repli culturel, culte de la personnalité, capitalisme oligarchique, «The Boys» expose vicieusement la plupart des travers les plus retors et les plus complexes et avant de joyeusement les atomiser au laser sans s’excuser, prouvant avec brio qu’il est possible de faire du spectacle humain et décomplexé en même temps, de produire de l’éthique en étant immoral et sans juger son auditoire. Une combinaison rare par les temps qui courent, et qui, combinée à l’imprévisibilité et à l’humour décapant de la série, achèvent de rendre «The Boys» tout simplement jubilatoire, et cette saison, tout simplement parfaite.
5 / 5 ★
Les premiers trois épisodes de la deuxième saison de «The Boys» sont disponible dès aujourd'hui sur Amazon Prime.
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