Kritik23. September 2024

Au cinéma: «Megalopolis», la plus belle lettre d'adieu de l'histoire du cinéma

Au cinéma: «Megalopolis», la plus belle lettre d'adieu de l'histoire du cinéma
© 2024 Praesens Film

Une chose est certaine, l'œuvre herculéenne de Francis Ford Coppola n'a laissé personne indifférent. Présenté en compétition officielle au dernier festival de Cannes, «Megalopolis» a remué la Croisette et la presse s'emballe. On décrypte.

(Un texte de Michael Gasch depuis le Festival de Cannes 2024. Adapté de l’allemand.)

Caesar (Adam Driver) est un architecte révolutionnaire. Avec ses idées utopiques, il souhaite permettre à la ville de New York de sortir d'une crise gigantesque en la transformant en une cité technologiquement avancée avec des éléments de solarpunk. Face à lui, le maire Frank Cicero (Giancarlo Esposito) préfère les stratégies conventionnelles d'urbanisme et de reconstruction. Et entre les deux hommes: la fille de Cicero, Julia (Nathalie Emmanuel), qui est engagée dans une relation avec César, devra choisir son camp.

La cinématographie de Francis Ford Coppola ressemble à un véritable catalogue de classiques du cinéma et cinquante ans après «Le Parrain», le réalisateur porte le coup de grâce. Dans «Megalopolis», il invoque toutes les ressources de son œuvre, y compris 100 millions de dollars de fonds personnels. Son nom est une nouvelle fois promesse de grandeur puisqu'il est en passe de marquer l'histoire du cinéma.

Le fait que «Megalopolis» ait été en production pendant plus de 40 ans saute aux yeux. En effet, le film contient toute une littérature de concepts idéologiques qu'il nous semble pertinent de lister ici. Une démarche, certes, un peu atypique pour une critique de film, mais il nous semble que c'est la seule approche possible pour résumer en peu de temps le projet passionné de Coppola.

Au cinéma: «Megalopolis», la plus belle lettre d'adieu de l'histoire du cinéma
Nathalie Emmanuel dans «Megalopolis» © 2024 Praesens Film

Un inventaire ou, tenez-vous bien, s'entre-choquent pêle-mêle une vision des Empires, des jeux de pouvoir, des tyrans et de leur déclin. «Megalopolis» parle en effet de l'Amérique, d'architecture, du système bancaire, de césarisme, de religion, de xénophobie, d'extase, de religion, de futurisme, de génétique, d'immortalité, de capitalisme, de science-fiction, et de contrôle du temps, passé et futur.

Bref, Francis Ford Coppola a mis le paquet et livre un pot-pourri d'idées dans une mise en scène, certes un peu pompeuse, mais que même un étudiant en trentième années d'école de cinéma n'a sans doute jamais vu. À cela s'est ajouté un moment unique dans l'histoire du festival de Cannes, et probablement dans l'histoire du cinéma tout court, lorsque le quatrième mur a été brisé en direct avec l'intervention, audacieuse et mémorable, d'Adam Driver sur la scène de la salle Debussy du Palais des Festivals.

«Megalopolis» est donc un glaive à double tranchant du septième art : une œuvre colossale, baroque, époustouflante, bien qu'elle s'accompagne d'une surcharge mentale. Loin de laisser indemne, le long métrage en vaut néanmoins la peine tant une œuvre pareille n'a certainement jamais existé, et n'existera peut-être jamais plus.

5/5★

Le 25 septembre au cinéma

Plus d'informations sur «Megalopolis»

Bande-annonce de «Megalopolis»

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