Kritik4. November 2024 Cineman Redaktion
Au cinéma: «The Substance», la fontaine de jouvence Coralie Fargeat
Grand spécialiste du body horror, David Cronenberg a plutôt déçu le public cannois avec «Les Linceuls». Mais Coralie Fargeat a consolé les fans du genre avec son nouveau film. Gore et choquant, «The Substance» parvient à aborder avec brio des thèmes actuels de notre société.
(Un texte de Michael Gasch depuis le Festival de Cannes 2024, adapté de l'allemand)
Grâce à son émission de sport télévisée, Elizabeth (Demi Moore) a réussi à se faire un nom dans le show-business, au point d’avoir sa propre étoile sur le célèbre Hollywood Walk of Fame. Mais le temps passe et la beauté est éphémère. Maintenant plus âgée, elle est rejetée par le système qui l’acclamait autrefois. Mais alors qu’on lui propose de s’injecter une mystérieuse substance, elle pourrait bien retrouver le chemin des projecteurs. D’abord hésitante, elle accepte et bientôt, il n’y a plus d’échappatoire possible.
À la tombée du jour, les soirées cannoises se parent d’une aura horrifique. En effet, c’est au creux de ces heures tardives que sont généralement projetés les films considérés comme plus “durs”. Ainsi, en 2016, Nicolas Winding Refn présentait son «The Neon Demon» et, en 2022, le grand David Cronenberg débarquait avec «Crimes of the Future». Réalisateur culte, spécialiste des corps poussés à l’extrême, son retour à Cannes avec «Les Linceuls» avait enthousiasmé les fans, impatient.es de découvrir ce que beaucoup pensaient être un nouveau classique de l’épouvante.
Mais c’est «The Substance» qui a fini par prendre le public d’assaut. Projeté en première, un jour avant «Les Linceuls», le film présente un style très proche d’un Cronenberg de la vieille école. Le public s’interroge alors: serait-il possible que les noms des cinéastes aient été mélangés? Mais non, c’est bien la Française Coralie Fargeat qui se cache derrière ce passionnant projet, son deuxième long métrage après «Revenge» de 2017. Et la réalisatrice, aussi scénariste, dose l’effroi avec savoir faire, préférant tout d’abord apporter à son œuvre une certaine profondeur. Ainsi, elle aborde des thèmes substantiels comme la beauté, la vieillesse ou la déshumanisation. Et le résultat est passionnant.
Bien plus qu’un simple enchaînement de scènes typiques du genre body horror, «The Substance» ose creuser son sujet pour offrir de larges interrogations. Des questionnements à double vitesse où se mêle le «Qui suis-je?» individuel à des réflexions plus globales sur nos sociétés contemporaines. En réfléchissant à ses thématiques, la réalisatrice Coralie Fargeat met en place une dualité à la synergie unique! Les instants d'horreur, absoluments perturbants, complètent une œuvre en passe de devenir un classique du genre.
5/5★
Le 6 novembre au cinéma
Plus d'informations sur «The Substance»
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