News13. Juli 2021 Sven Papaux
«Comment je suis devenu super-héros» - Un peu d’ambition pour le cinéma français
Un peu de super-héroïsme dans le paysage audio-visuel français. Avec «Comment je suis devenu super-héros», Douglas Attal, fils du producteur Alain Attal, s’attaque au roman éponyme de Gérald Bronner pour une virée héroïco-policère.
Paris, en 2020. Deux flics, Moreau (Pio Marmaï) et Schaltzmann (Vimala Pons) mènent l’enquête sur la circulation d’une substance mystérieuse, procurant des super-pouvoirs à ceux qui en sont dénués. Dans une société où, à présent, les surhommes sont banalisés et vivent aux côtés des citoyens normaux, les origines et le passé de Moreau viennent entraver le déroulement de l’enquête.
«Comment je suis devenu super-héros» incarne une nouvelle ambition, une prise de risque bienvenue...
«Comment je suis devenu super-héros» semble entrelacer un côté «flic en cuir» à la Olivier Marchal avec une série Arte typée «Ad Vitam», ou une américaine comme «Engrenages». Une hybridation des genres qui permet de poser des bases à la française, avant d’embrasser le genre populaire et cher à Marvel du super-héroïsme. S’il faut un petit temps d’adaptation, le film fini pourtant par prendre. Douglas Attal donne de la chair à son projet. Il réussi à développer une dimension psychologique marquée, qui a fait défaut d’autres, comme le décevant «Black Widow» . Le personnage de Pio Marmaï, désinvolte et harassé par son boulot, adopte une posture d’enquêteur rabougri d’une suffisance abjecte, quand il fait face à sa nouvelle partenaire, incarnée par Vimala Pons. L’actrice française complète ce duo plutôt rafraîchissant pour un cinéma français en manque de nouvelles «gueules».
Sans être étincelant, «Comment je suis devenu super-héros» incarne une nouvelle ambition, une prise de risque bienvenue. Même si le propos ne respire par l’originalité, il est de bon ton de profiter d’un travail bien fait et d’apprécier ces héros vieillissants, prenant à contre-pied les grosses machines étasuniennes. Benoît Poelvoorde en super-costume, atteint de Parkinson, ou Callista (Leila Bekhti) reconvertie en éducatrice, la bande n’est peut-être pas aussi glamour que les Avengers, mais elle a sa propre identité. C’est le monde réel, et Douglas Attal s’inspire des codes super-héroïques pour intégrer une touche intimiste et urbaine. Outre le choix de maintenir un contexte très «français», l’une des belles surprises du métrage est Swann Arlaud («Petit Paysan», «Grâce à Dieu») dans le rôle d’un antagoniste bien loin de ses compositions habituelles.
S’il faut un petit temps d’adaptation, le film fini pourtant par prendre...
Un film qui sent peut-être déjà vu ? Oui ; une trame qui n’a rien de bien folichon ? c’est certain. Mais la patte de Douglas Attal et le mélange de genres rendent le tout rafraîchissant, plaisant. La fibre du polar français se greffe agréablement à cette revisite d’une thématique qui, bien que très américaine, est de nos jours largement ancrée dans la culture pop.
3,5/5 ★
Depuis le 9 juillet sur Netflix.
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