Kritik2. Oktober 2023 Cineman Redaktion
Critique de «Bernadette», Catherine Deneuve incarne une époustouflante Première Dame
Sa répartie et son piquant font d’elle une personnalité politique immuable. Détestée ou adulée par l’opinion publique, Bernadette Chirac a endossé le rôle de Première Dame pendant près de 11 ans. Longtemps en retrait de la scène médiatique, elle a pourtant joué un rôle politique considérable dans la carrière de son mari. Léa Domenach en fait le récit.
(Une critique de Fanny Agostino)
5 mai 1995. Jacques Chirac savoure sa victoire. Il vient d’être élu président de la République. De son QG de campagne, il s’avance à la fenêtre pour saluer ses partisans. Une tête blonde au brushing parfait s’approche de la balustrade. Bernadette Chirac aimerait savourer cette victoire, pour laquelle elle a tant donné. Son enthousiasme sera de courte durée : elle se voit rapidement effacée, dans l’ombre du Président.
Il ne faut pas se fier à son titre quelque peu réducteur. «Bernadette» n’est pas un biopic. La cinéaste, connue pour son engagement féministe, s’est focalisée sur les années présidentielles. Un choix appréciable, tant il permet de concentrer la narration sur la place à laquelle, une fois son président de mari élu, Bernadette Chirac se voit reléguée. Celle qui conseillait son mari occupe désormais un rôle de potiche : plutôt que de sortir à l’opéra, elle mangera devant la TV avec Jacques, elle sera priée de veiller à l’intendance du déménagement et à nouer les cravates…
Le paradoxe est implacable : bien qu’au centre névralgique des décisions politiques, voilà qu’elle s’en trouve exclue. En début de séance, on a beau nous signaler humoristiquement que la fiction s’inspire librement de la vie de la dame aux pièces jaunes, il semble difficile d’imaginer que ces anecdotes soient le fruit de l’imagination de Domenach…
Le parti pris de la comédie est très réussi, notamment grâce à un casting époustouflant. Catherine Deneuve endosse brillamment le tailleur désuet, les mimiques sarcastiques et l’intelligence d’une femme qui parvient petit à petit à prendre le contrôle de la place qui lui est dû et à redorer son image aux yeux des Français. Mention spéciale pour Sara Giraudeau en impitoyable Claude Chirac ainsi qu’à Denis Podalydès, truculent conseiller en image de la première Dame.
Pour son premier long métrage, Léa Domenach réussit subtilement son entrée grâce à un équilibre savamment dosé entre comédie et plongée au cœur du pouvoir. Les sombres recoins de l'Elysée sont illuminés… Les murs en tremblent encore.
4/5 ★
Au cinéma le 4 octobre.
Plus d'informations sur «Bernadette».
Bande-annonce de «Bernadette»
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