Kritik31. Oktober 2023 Cineman Redaktion
«Toute la lumière que nous ne pouvons voir» sur Netflix, ou quand la subtilité laisse place aux clichés
«Toute la lumière que nous ne pouvons voir» est l’une des séries Netflix «prestige» de 2023, adaptée du célèbre roman éponyme d’Anthony Doerr. Réalisée par Shawn Levy, cette adaptation du Prix Pulitzer de la fiction 2015 suit deux adolescents en pleine Seconde Guerre Mondiale.
(Une critique d'Eleo Billet)
Saint-Malo, août 1944. Marie-Laure LeBlanc (Aria Mia Loberti), une jeune française aveugle, fait partie de la Résistance. Chaque soir, elle transmet des messages codés par radio aux alliés, dévoilant les positions allemandes. Le jour, elle se cache avec son grand-oncle Etienne (Hugh Laurie) en attendant le retour de son père (Mark Ruffalo), avec qui elle a fui Paris quatre ans plus tôt. Werner Pfennig (Louis Hofmann), spécialiste en transmissions radio, est un soldat allemand nazi chargé de détecter les messages alliés. Sa route va croiser celle de Marie-Laure et d’un légendaire diamant convoité : l’«Océan de Flammes».
«Toute la lumière que nous ne pouvons voir» était reconnu comme difficile à adapter en raison de son style lyrique, évoquant la nature, et de sa structure non-linéaire, alternant entre les points de vue. Les droits du roman ont pourtant été acquis par Netflix qui a voulu relever le défi. Seulement, le géant rouge n’a pas été à la hauteur. Lors de sa présentation en première mondiale au TIFF, en septembre dernier, la nouvelle création de Steven Knight («Peaky Blinders») a été reçue froidement, à raison.
Dès le premier épisode, qui débute avec le bombardement de Saint-Malo, puis alterne entre présent et passé des protagonistes, «Toute la lumière que nous ne pouvons voir» montre ses faiblesses. Si ce n’est la révélation Aria Mia Loberti, jeune actrice américaine elle-même aveugle, dont c’est le premier rôle, tous les autres acteurs chevronnés livrent une performance très en deçà du talent qu’on leur connaît. Lars Eidinger est ainsi particulièrement caricatural dans son rôle de nazi cruel et avide. Pour sa part, Louis Hofmann («Dark») est par instant touchant, notamment dans sa relation avec sa sœur, interprétée par l’actrice suisse Luna Wedler. Mais son personnage, tout en dilemme, a finalement peu de profondeur à offrir.
De même, s’il s’en sortait bien dans le registre de la comédie, Shawn Levy ne parvient pas à créer, par sa mise en scène, la gravité et l’émotion nécessaires à rendre ce drame mémorable. Palpitant, le récit sur plusieurs temporalités est desservi par les dialogues, répétitifs pour assurer l’exposition des enjeux, tandis que les événements s’enchaînent sans permettre au public de s’ancrer. Reste à saluer le tournage dans des décors en dur, à savoir les villes de Saint-Malo, Budapest et Villefranche-de-Rouergue, qui donne du cachet à la série. Bien sûr, le budget assure un grand spectacle bien éclairé, à grand renfort de combats contre des nazis et de bombardements. Seulement, la passion manque à l’ensemble.
Avec un tel matériau d’origine, on était en droit d’attendre de «Toute la lumière que nous ne pouvons voir» un traitement moins en surface de thèmes comme le traumatisme de la guerre ou l’émerveillement face aux technologies, comme la radio qui lie les gens autour du monde. Dommage qu'Aria Mia Loberti fasse ses débuts dans une série plus intéressée par divertir pendant quatre heures son public que de s’ancrer dans sa mémoire.
Les quatre épisodes de «Toute la lumière que nous ne pouvons voir» sont à découvrir dès le 2 novembre sur Netflix.
Bande-annonce de «Toute la lumière que nous ne pouvons voir»
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