Kritik29. Februar 2024 Theo Metais
Critique de «Spaceman» sur Netflix, en thérapie aux confins de l'univers
Il est passé par les séries «Chernobyl», «Breaking Bad», et «The Walking Dead». Cette fois, Johan Renck convoque une araignée géante et un casting cinq étoiles aux abords de Jupiter. On décrypte «Spaceman».
Il y a six mois, l’astronaute Jakub Prochazka (Adam Sandler) avait accepté une mission de la plus haute importance pour faire avancer le progrès spatial de la République tchèque. Aujourd’hui, Jakub flotte, seul et depuis 189 jours, pour aller explorer les particules d’un nuage du nom de Chopra. À mesure que les jours passent, la communication avec son épouse (Carey Mulligan) se dégrade. N’en déplaise à la responsable du programme (Isabella Rossellini) et son psychologue (Kunal Nayyar), resté au sol, l’état psychologique de Jakub se délite. Bientôt, le scientifique fait une rencontre des plus étranges.
Une chose est certaine, le curriculum vitae de Johan Renck était comme prédisposé à la réalisation de «Spaceman». Lauréat de l’Emmy Award de la meilleure réalisation pour son travail sur la série «Chernobyl» de HBO, réalisateur du clip fantasmagoricospatial de «Blackstar», sur le dernier album de David Bowie, le cinéaste suédois lorgne à nouveau vers l’espace et le bloc de L’Est. Cette fois, la République tchèque entend coiffer la Corée du Sud lors de cette épopée vers Jupiter. Eux aussi ont envoyé quelques Robinson Crusoé dans le ciel.
«Araignée du soir, espoir» professe l’adage. En proie à une solitude intarissable, sa rencontre avec Hanus (une araignée un brin flippante, mais quand même cute et portée par la voix méditative de Paul Dano) devient cet outil narratif pour explorer les sous-terrains existentiels de Jakub. La langue se délie, les émotions aussi. D’ailleurs, lors de la présentation du film au festival de Berlin, Paul Dano avait qualifié l’arachnide géant de «socratique» et d’«aimable guide spirituel». Rien que ça !
Quelques jolies envolées visuelles (le rose néon du nuage de Chopra notamment) et les partitions minimalistes de l’Allemand Max Richter («Ad Astra») viendront égailler cette fable, un brin surannée, mais étonnamment hypnotique. Nous regretterons tout de même le traitement particulièrement léger et franchement utilitariste des personnages d’Isabella Rossellini et de Carey Mulligan.
Adapté du roman «Spaceman of Bohemia» (joliment traduit en français par «Un astronaute en bohême») de l’écrivain Jaroslav Kalfař - et paru en 2017 chez Calmann-Lévy - , «Spaceman» vient donc compléter les rayonnages, déjà largement fournis, de la SF chez Netflix. Loin de marquer les esprits, «Spaceman» ressasse des poncifs du genre (presque à la frontière d’une science-fiction cosmétique), mais n’en reste pas moins une agréable pérégrination parmi les étoiles pour parler de solitude et du sentiment d’aliénation. Remarquons aussi que «Spaceman» rompt le cycle de diabolisation à l’écran de nos compagnons à huit pattes.
3/5 ★
Sur Netflix à partir du 1er mars.
Bande-annonce de «Spaceman»
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