La série allemande s’est taillée une sacrée réputation. Après son retentissement mondial en 2017 sur Netflix, «Dark» remet ça dans une seconde saison. Cette fois-ci le futur est au menu. Disponible sur Netflix depuis le 21 juin.
Distorsion de la réalité, trio de couches temporelles et multitude de personnages qui enjambent les différentes époques traversées par la petite ville Winden. De 1953 à 1986, pour enfin revenir à nos jours, Winden a offert quelques secrets étranges. À la fin de la saison 1, nous avions laissé Jonas (Louis Hofmann) dans un futur post-apocalyptique. L’année ? Aucune idée. La saison 2 se faisait donc attendre.
Sous ses airs d’enquête policière, «Dark» est avant tout une épopée de science-fiction, où la chronique familiale prend une place centrale. Une tragédie éprouvée et racontée dans une première saison en forme d’ascenseur émotionnel, de passage d’époque en époque. Pour le second volet, les réalisateurs Baran bo Odar et Jantje Friese placent leur récit aux frontières de l’abîme - Nietzsche est cité - et interrogent la foi. Aurions-nous la foi si nous connaissions notre avenir, notre fin ? «Dark» soulève cette problématique et s’enfonce dans une aventure aux innombrables couches temporelles. Des personnages qui s’entremêlent, qui se découvrent, à travers un schéma narratif habilement tenu, mais diablement complexe à suivre. Le résumé de la première saison est déjà assez difficile à décrire en quelques lignes. La phobie du spoiler l’emporte par la même occasion.
L’ADN de «Dark» est toujours plus fort, toujours plus tortueux.
Une saison 2 qui se joue des époques et des générations, voyage de 1921 à 2020. Jonas continue son enquête et son voyage. Dans une autre époque, les recherches d’Egon Tiedemann (Christian Pätzold) le mènent un peu plus vers la compréhension - en 1986. Winden traverse les générations, arrive même à une époque inconnue : 2052. Le cycle des 33 ans est en marche, comme une boucle visitée par une poignée de « voyageurs » grâce à la fameuse machine à remonter le temps. Non loin se trouve la téméraire et têtue Claudia Tiedemann (Julika Jenkins) qui elle aussi souhaite comprendre. Des personnages qui se croisent, qui se rencontrent les uns les autres. Un labyrinthe de visages. Le temps part en vrille, devenu indomptable. «Dark» remet tout en cause : le temps n’est-il pas Dieu ? Autre rôle central, Noah (Mark Waschke), genre de gourou religieux, évoque cette mise en abîme de la vie, de notre destin, voire de la liberté. Tout est relié, tout est prévu.
Les âges sont une clé, la pièce manquante d’un puzzle aux 10 000 pièces brassées et dispersées. Une collision temporelle qui se juxtapose à la foi, à la spiritualité. Odar et Friese questionnent, au prix d’une vraie maîtrise narrative plongée dans une esthétique sublime. L’ADN de «Dark» est toujours plus fort, toujours plus tortueux. Le tumulte en toile de fond. On en deviendrait presque masochiste à force de se torturer les méninges pour tout comprendre. L’écriture, précise et captivante, sert cette ambiance lourde, mélancolique. Le tonnerre de l’apocalypse se fait pressant, le bunker est ce trou noir, ce souffle inquiétant du passé et du présent. Reconstituer l’histoire est vain, s’interroger sur la signification de «Dark» c’est mieux. Et vous, auriez-vous la foi si vous connaissiez votre destin ?
En bref !
Une saison 2 qui a quelque chose d’éblouissant, de jouissif. Décortiquer les différentes couches temporelles, cerner les différents personnages, leur faciès ravagé par le temps et rajeuni en un claquement de doigt, dessine les contours d’une série intense. La maîtrise, pour conter une expression philosophique et fantastique de notre existence, de la vie. Impossible de décrocher. L’univers imaginé par Odar et Friese se contorsionne dans un espace-temps, nous entraînant dans son sillage.
4,5/5 ★
«Dark - Saison 2», disponible sur Netflix depuis le 21 juin.
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