Interview22. Oktober 2018

Interview avec Jamie Lee Curtis : «Je n’aime pas les films qui font peur»

Interview avec Jamie Lee Curtis : «Je n’aime pas les films qui font peur»
© Universal Studios

Pour la première fois en Allemagne, l’immense Jamie Lee Curtis était de passage au Festival du Film de Hambourg pour y présenter le nouveau volet de la saga Halloween, 40 ans après celui de John Carpenter (1978). Dans les palais garnis de l'hôtel Fairmont, nous avons eu le privilège de rencontrer celle qui s’est toujours considérée comme une outsider, et qui pourtant, deviendra une icône.

(Mis à jour le 13 octobre 2022)

(Propos recueillis et mis en forme par Théo Metais)

Jamie Lee Curtis, comment avez-vous été embarquée sur ce nouvel épisode ?

JLC - Vous savez, jouer dans un nouvel Halloween était littéralement la dernière chose au monde que je pensais faire. J’étais en vacances avec mon mari et un jour le téléphone sonne. C’est Jake Gyllenhaal qui m’appelle, mon ami et filleul. Il me dit qu’il vient juste de faire Stronger avec le David Gordon Green et qu'apparemment David veut me parler d’un projet. Il m’a envoyé le script et c’est parti comme ça.

Ça vous fait quoi de revenir dans la franchise ?

JLC - Laurie est un personnage bien différent. Ce qui m’a sans doute le plus intéressé, c’était cette idée d’un drame familial et transgénérationnel. L’histoire a bien évolué et pourtant, le drame a contaminé toute la famille. Que l'histoire devienne générationnelle, j’ai trouvé que c’était une manière assez intelligente de replonger dans la franchise.

Comment se fait-il que l'on vous ait finalement peu vu dans la saga au fil des années ?

JLC - Pour être très sincère, l’unique raison pour laquelle j’étais dans Halloween 2, c’est que le film reprend exactement là où l'histoire du premier s’est arrêtée. Il fallait donc nécessairement que j’apparaisse à l’écran pour le public. Ça aurait été terrible que je dise non. Il m’a semblé que c’était important. Après j’ai fait Halloween H20 mais c’était mon idée. C’est moi qui suis allée voir John et Debra (John Carpenter & Debra Hill NDLR). Ça allait faire 20 ans, on était encore dans le show business, fallait faire un nouveau film. Et à cause de la fin de H20 il fallait aussi que j’apparaisse dans le suivant.

Michael Myers est une créature terrifiante absolument unique ...– Jamie Lee Curtis

Qu’est-ce qui a fait que la franchise est à ce point devenue culte ?

JLC - C’est une question délicate vous savez car je ne comprends toujours pas l’ampleur du phénomène. Maintenant, si on met tout à plat, je pense que Michael Myers est une créature terrifiante absolument unique qui s’est faite l’incarnation d’un certain nombre de choses. C’est un être humain ou “non-humain”, presque robotique, énigmatique, sans expression, sans émotion, qui massacre au hasard, sans le moindre discernement. Silencieux, il se déplace lentement et personne ne peut le stopper. C’est absolument terrifiant, ça me rappelle “Slowly I turned... step by step” (Citation tirée du célèbre vaudeville "Slowly I Turned" NDLR) . L’ironie en plus c’est que c’est un masque en gomme de William Shatner. John et Debra sont allés dans un magasin de costume et le seul masque disponible était un masque de Star-Trek qu’ils ont ensuite peint en blanc. Tout ça est très ironique, c’est le mieux que je puisse en dire.

© Universal Studios

Et Halloween a fini par définir certains standards du cinéma d’horreur.

JLC - Je n’en sais rien ... Vous savez je ne suis pas vraiment embauchée pour penser le genre du cinéma d’horreur. Je suis embauchée pour être Laurie Strode, c’est tout. Je ne suis pas embauchée pour comprendre le genre, d’autant que je n’en suis même pas fan. Je n’aime pas les films qui font peur. Mais je reconnais que tout ça est extrêmement ironique. Ma mère était dans Psycho, je suis dans Halloween. Ma mère avait horreur des films qui font peur, je ne les aime pas non plus.

Quand on est une actrice de B-Movies, on a l’impression de ne jamais pouvoir s’en échapper...– Jamie Lee Curtis

Qu'est ce qui vous attire alors au cinéma ?

JLC - Je vais préférer une bonne comédie.

Et vous en avez fait quelques-unes.

JLC - J’en ai fait quelques-unes (rires). Mon mari en a fait des superbes aussi (Christopher Guest NDLR). Oui je vais préférer quelque chose qui va me faire rire. Ou alors un bon drame, comme Call me by you Name, par exemple. Et vous l’avez vu j’en suis sûre, mais moi pas encore, pourtant je vous le dis tout de suite, je vais adorer A Star Is Born ! Le Parrain 1, Le Parrain 2 sont certainement aussi les meilleurs films jamais réalisés.

Jamie Lee Curtis & Judy Greer © Universal Studios

Dernière question, vous avez déclaré vous être toujours sentie illégitime par rapport au succès du premier Halloween. Vous disiez être une actrice sous-entraînée, et pourtant vous êtes devenue une icône. Alors est-ce qu’après toutes ces années vous vous sentez enfin légitime ?

JLC - Oui (rires) - Vous pourrez le noter dans l’article : «Too legit to quit!». (rires) Vous savez, à l’époque les films d’horreur c’était vraiment comme parler d’un cousin éloigné. Ils étaient estampillés “B-Movies” et ils ne deviennent pas des “A-Movies” tout de suite. D’ailleurs personne ne parle de “A-Movies” ou d’acteurs “de catégorie A”. Si vous allez aux Golden Globes, bon là à priori vous allez être avec des acteurs “de catégorie A”. Il y a une hiérarchie et à un moment on se demande vraiment comment on peut en faire partie.

Too legit to quit!– Jamie Lee Curtis

Concrètement, depuis le début de ma carrière, je ne fais que jouer dans des “B-Movies”. Pourtant, il y a des centaines d’artistes qui font ces films, et qui ont travaillé autant d’heures que pour des films comme ... On Golden Pond (rires). C’est le premier film qui m’est venu à l’esprit, j’ai vu une photo de Jane Fonda récemment. (rires) Mais vous voyez ce que je veux dire, le boulot sur Halloween a été aussi considérable que sur On Golden Pond. À l‘époque certains ont manqué de respect pour ces films et c’est ce que je veux dire quand je parle d’illégitimité. Quand on est une actrice de B-Movies, on a l’impression de ne jamais pouvoir s’en échapper.

Au cinéma le 24 octobre. Toutes les informations sur Halloween.

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