Interview9. September 2024 Cineman Redaktion
François Damiens et Jean-Pascal Zadi pour «Le Procès du chien»: «La question animale est un vrai sujet»
Réputés pour leur humour décalé, Jean-Pascal Zadi et François Damiens sont cette semaine à l’affiche du film «Le Procès du chien» de Laetitia Dosch. Récit cocasse inspiré de faits réels, les deux acteurs se sont confiés avec autodérision sur le chien Kodi, la Suisse et la cause animale.
(Propos recueillis et mis en forme par Marine Guillain.)
Premier long-métrage de Laetitia Dosch, «Le Procès du chien» s’est fait grandement remarquer au dernier Festival de Cannes (le héros du film, le chien Kodi, a remporté la très convoitée Palm Dog), avant de ravir la Piazza Grande au dernier Festival de Locarno en août dernier.
Cette tragicomédie met en scène Avril (Laetitia Dosch), avocate abonnée aux causes perdues qui tombe sur Dariuch un client dont le fidèle compagnon est condamné à mort. François Damiens interprète ce maître canin, aussi désespéré que sa cause, tandis que Jean-Pascal Zadi joue Marc, un comportementaliste animalier prenant part au procès qui va défrayer la chronique… C’est au Festival de Cannes que Cineman a rencontré les deux comédiens, qui ont eu bien du mal à garder leur sérieux durant la rencontre…
Cineman : Comment s’est passée votre rencontre avec Kodi, le Griffon croisé qui joue Cosmos?
François Damiens: Kodi est venu accompagné de ses dresseurs, on a passé un peu de temps avec lui, il ne fallait pas crier, pas rigoler trop fort, pas lui toucher la tête pour ne pas lui faire peur…
Jean-Pascal Zadi: Elle était glauque ta rencontre avec lui!
FD: Il fallait un peu l’apprivoiser et ne pas l’effrayer, c’est impressionnant pour un chien d’arriver sur un plateau…
JPZ: Ah tu l’as connu sur le plateau? Oh la honte! Moi il est venu chez moi! Comme j’avais des scènes avec lui, on devait s’apprivoiser, alors il est venu un matin avec Laetitia et le couple de dresseurs. J’avais le droit de le toucher. Je pense que ça dépend des personnes, moi, on voit que je suis l’ami des animaux, alors que quand il a vu François Damiens, il était sûrement tétanisé et ils ont mis des restrictions.
FD: C’est vrai, je ne pouvais jamais être seul quand je l’approchais.
JPZ: Voilà. Alors que moi, c’était super, c’était amical.
FD: Et moi hostile…
JPZ: Mais toi, tu n’es pas stable psychologiquement, les chiens le sentent ça, alors que moi, je suis très apaisé.
Cineman: Est-ce que Kodi est bon comédien?
FD: Oui, il a joué dans d’autres films avant, dans plus de films que nous d’ailleurs, il était très professionnel.
JPZ: Il avait sa caravane, il fumait sa petite clope après les scènes… Après, j’ai lu le scénario, son texte n’était pas compliqué: c’était «wouf wouf», franchement, il l’a appris facilement.
Cineman: Préférez-vous les animaux ou les humains?
FD: Les humains.
JPZ: Moi aussi. On peut discuter avec eux, aller en voyage avec eux, se marier avec eux. On peut faire plein de choses avec les humains. Mais avec les animaux, ce qui est super, c’est qu’il n’y a pas d’hypocrisie.
FD: C’est vrai, ils ne déguisent pas leurs sentiments ou leurs émotions, ils ne sont pas snobs. Et puis ce sont de meilleurs confidents que les humains, car ils ne répètent pas ce qu’on leur raconte.
JPZ: Quoique moi, j’ai connu un chien qui répétait tout…
FD: C’est vrai?
JPZ: Oui, mais les autres ne comprenaient pas forcément, on n’est pas nombreux à comprendre le langage des chiens, on est seulement douze comportementalistes en France à les comprendre. Moi, j'ai appris pour le tournage.
Cineman: Est-ce que ça a été difficile?
JPZ: Non. Je suis un génie du comportement animal, j’avais ça en moi donc en deux semaines, j’ai réussi à tout comprendre.
Cineman: Qu’est-ce qui vous fait aller dans un tel projet?
FD: Le mélange du côté réel et de l’absurde. Laetitia Dosch part d’un fait divers et l’amène dans l’absurde, c’est ce qu’il y a de plus drôle. Je n'aime pas l’humour pour l’humour.
JPZ: C’est vrai. Je reçois énormément de scénarios, d’ailleurs tout ce succès m’agace…
FD: Oh la la…
JPZ: …et celui-ci j’ai dit oui direct
Cineman: Comment s’est passé le tournage en Suisse?
JPZ: J’ai été absolument choqué par l’ordre qui régnait: les gens traversent sur les passages cloutés, les voitures s’arrêtent aux feux rouges, tout est hyper organisé, les rues sont extrêmement propres…
FD: Tu respires un air pur. Et votre lac est étonnant! J’y ai fait de l’aviron.
Cineman: Qu’est-ce que ça vous évoque, les causes perdues?
JPZ: J’adore, c’est par là que le monde avance. S’il n'y a pas des gens animés par des choses auxquelles personne d’autre ne prête attention, rien ne change. Donc au final, ces causes ne sont pas si perdues que ça.
FD: C’est comme ça que les scientifiques font leurs trouvailles, c’est comme ça qu’on trouve les médicaments. Ça parait débile au début, puis ça fait sens. C’est comme le cochon, si on y réfléchit, pourquoi on en mange? Personnellement, je n’irai pas en premier là-dessus, j’irai d’abord sur un petit chiot. Et puis pourquoi on mange des escargots et pas des limaces?
Cineman: est-ce que l’histoire du «Procès du chien» pourrait créer un tel émoi dans la vraie vie selon vous?
FD: Je pense que oui. Quelqu'un qui est dingue de son chien pourrait prendre un avocat et essayer de le défendre corps et âme.
JPZ: En plus on vit une époque charnière, il y a beaucoup de changements, de nouveautés, de prises de conscience… Alors ça ne m’étonnerait absolument pas qu’une histoire comme celle-là ait un retentissement incroyable un jour, je pense même que ça va arriver dans pas longtemps. Cette histoire est crédible et la question animale est un vrai sujet.
«Le Procès du chien» est à découvrir au cinéma à partir du 11 septembre.
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