Kritik4. November 2021 Sven Papaux
«Les Éternels» - Et Chloé Zhao entre dans l’écurie Marvel
L’élevage de superproductions Marvel ne cesse de pondre des millions au box-office. Et cette fois-ci, le MCU s’offre la nouvelle sensation du cinéma indépendant américain: Chloé Zhao, pour une proposition radicale. Pari gagnant ou pari perdant pour ce 26e film « marvelien »?
Depuis l’aube de l’humanité, les Éternels, un groupe de superhéros venus des confins de l’univers, protègent la Terre. Lorsque les Déviants, des créatures monstrueuses que l’on croyait disparues depuis longtemps, réapparaissent mystérieusement, les Éternels sont à nouveau obligés de se réunir pour défendre l’humanité.
Chloé Zhao, oscarisée avec « Nomadland », s’essaie à la sauce superhéroïque pour ce film de transition. Après le succès phénoménal de « Avengers: Endgame », «Les Éternels» est un virage à 180 degrés pour la franchise qui faire rugir une nouvelle voix pour introduire une bande de héros et héroïnes. Un tout nouvel univers à la temporalité extrême, plusieurs millénaires sont en effet couchés sur le scénario, un film qui dresse une nouvelle mythologie dans un format ramassé de moins de 2 h 30 - peut-être que la série n’aurait pas été une si mauvaise idée…
Visuellement, c'est beau, parfois envoûtant...
Zhao essaie de prendre son temps pour intégrer calmement les nouveaux personnages. Chose rare chez Marvel. Un parti pris pour la cinéaste, à l’inverse des productions précédentes qui misaient sur une cadence effrénée pour divertir coûte que coûte le spectateur. Et souvent, elles se soldaient par des soupes visuelles, à la CGI sombre et boueuse, se transformant en une bouillie numérique et indigeste. Pour «Les Éternels», disons que les effets spéciaux sont moins appuyés, mais la marche à suivre pour un film du genre fait souvent défaut aux idées de Zhao, qui s’applique à injecter du romantisme et un semblant de poésie dans la bataille.
Ses tentatives d’insuffler une nouvelle dramaturgie, une nouvelle empathie à ses personnages, se retrouvent engluées dans les cases à noircir pour Marvel - et un gage de parité et d’inclusion parfois artificiel. Difficile de provoquer la rupture de la charte Marvel. En témoigne la désincarnation des dialogues, peut-être oubliés par Zhao elle-même, plus attachée à compléter ses plans par de beaux paysages. Visuellement, c'est beau, parfois envoûtant, grâce à la belle photographie de Ben Davis («Three Billboards Outside Ebbing, Missouri»). Mais les enjeux, à force de placer une brochette de héros et héroïnes, s’en retrouvent presque effacés.
La marche à suivre pour un film du genre fait souvent défaut aux idées de Zhao...
Avec ses airs de film choral, même si le récit se concentre surtout sur Ikaris (Richard Madden) et Sersi (Gemma Chan), Les Éternels oublie de faire exister certains de ses personnages. Pour ainsi dire, on ne se soucie pas de certains protagonistes. Mais assurément, avec ce premier métrage, Zhao brandit le panneau d’une première partie - ce que la fin laisse à penser -, avec les défauts d’un (premier) film pour une nouvelle franchise. «Les Éternels» pêche à plusieurs égards, enfermé dans les carcans si chers à Marvel, étouffant le talent de Chloé Zhao.
2,5/5 ★
Depuis le 3 novembre au cinéma. Plus d'informations sur «Les Éternels».
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