Locarno 2023 : «Family Portrait», l’histoire cachée d’une photo

Sobrement intitulé «Family Portrait», le premier long-métrage de Lucy Kerr est en compétition à Locarno dans la section Cineasti del presente.

(Une critique de Marine Guillain, depuis Locarno)

Les premières minutes, un travelling montre une famille qui tente, tant bien que mal, de se regrouper pour une photo de groupe. Les voix et les autres sons sont quasi inaudibles, engloutis par un vrombissement sourd. Après cette première scène intrigante, Katy se réveille avec son petit ami, Olek. Le jeune photographe est ici pour prendre le cliché familial. Dans la cuisine, la mère Barbara montre des exemples de photos qu'elle souhaiterait imiter pour faire une carte de Noël. Peu après, elle disparaît. Katy s'impatiente car la fameuse photo prend du retard. Pendant ce temps, chaque membre, adultes et enfants, vaque à ses occupations. On se demande alors où tout cela va nous mener - question que l'on se pose encore.

Tourné au bord de la Guadalupe River au Texas, «Family Portrait» se déroule dans une grande maison avec parc, terrain de tennis, panier de basket, jeux pour enfants. Juste à côté, une belle forêt et la rivière. Pour ce film, Lucy Kerr s'est inspirée de son vécu, de ces moments où prendre la photo de famille pour la carte de Noël devient un casse-tête car cela prend des lustres à réunir les gens, qui ne sont jamais tous connectés en même temps.

Il y a des choses intéressantes dans «Family Portrait»: le travail du son, spécialement sur la nature, avec le vent qui souffle sur les feuilles d'arbre. Les cadrages étonnent, autant que les hors-champs et l'atmosphère plutôt austère... Le film est original, c'est indéniable. En outre, il ne se passe à peu près rien.

De manière générale, que l'on y comprenne quelque chose ou pas, il y a des films qui embarquent et d'autres non. Pour «Family Portrait», ce n'est pas faute d'avoir essayé, impossible de rentrer dedans. Le métrage nous a perdu avec sa succession de scènes (essentiellement des plans fixes) et de courts échanges dénués d’intérêt entre les membres de la famille, au point que l’intrigant vire au saoulant. Possible que des métaphores nous aient échappé. A la fin de la séance lors de la première au Festival de Locarno, une spectatrice a demandé la signification du film; question à laquelle la réalisatrice n’a d’abord pas su répondre. Avant d’avancer qu’il s’agissait peut-être d’un portrait de l'Amérique, essentiellement du sud, où les gens veulent toujours montrer une image idéalisée de la réalité.

2,5/5 ★

Bande-annonce de «Family Portrait»

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