Une étonnante péniche à Paris, la famille Sackler et Pamela Anderson, voici les meilleurs documentaires de 2023.
En février, et sous la coupe de l’actrice américaine Kristen Stewart, le prestigieux Ours d’Or à Berlin avait récompensé le documentaire de Nicolas Philibert. Intitulé «Sur l'Adamant», il entamait au sortir de l’hiver une année sous le signe du documentaire. Puis viendront notamment les excellents «Kokomo City», «Toute la beauté et le sang versé», ou encore «Les Filles d'Olfa», lauréat de l'Œil d'or au Festival de Cannes 2023.
Ainsi, pour avoir agité les foules, pour leur éclairage, leur luminosité, leur force, leur tendresse et leur courage, parfois face au réel, voici une sélection (subjective et non exhaustive) des plus beaux documentaires découverts par notre rédaction en 2023.
«Les Filles d'Olfa»
- Réalisé par Kaouther Ben Hania
Olfa Hamrouni, mère tunisienne de quatre filles, ne vit plus qu’avec ses deux cadettes, Eya et Tayssir. Les aînées, Ghofrane et Rahma, ont fui le foyer familial en 2015 pour s’enrôler auprès de sympathisants de l’Etat islamique basés en Libye. La réalisatrice Kaouther Ben Hania retranscrit à l’écran cette histoire tragique par le biais du témoignage de ces femmes, tout en recréant ce passé douloureux avec l’aide des actrices Ichraq Matar et Nour Karoui, reprenant le rôle des sœurs disparues. Lorsque le souvenir sera trop dur, Olfa laissera son rôle à la star tunisienne Hend Sabri.
«Sur l'Adamant»
- Réalisé par Nicolas Philibert
Dans l’ombre du pont Charles de Gaulle à Paris flotte une péniche du nom de «l’Adamant». Une structure spécialisée qui accueille des personnes souffrant de troubles mentaux. Ils s’appellent, Pascal, Olivier, Catherine, François, et composent un panel social et culturel cosmopolite. Sur l’Adamant, ils se retrouvent et échangent en toute quiétude, loin de l’hôpital psychiatrique et des regards extérieurs. Des personnalités éblouissantes, poétiques et touchantes, qui, une à une, se confient devant la caméra attentive du réalisateur.
«Toute la beauté et le sang versé»
- Réalisé par Laura Poitras
Nan Goldin, figure incontournable du milieu artistique underground new-yorkais dès la fin des années 70, est aujourd’hui exposée dans les plus grands musées. Il fut un temps où Goldin découvrait la photographie entre deux fugues de maisons d’accueil. Il fut un temps où son travail était présenté à côté du nom de la famille Sackler, à la tête de Purdue Pharma, qui commercialise l’OxyContin, responsable de la crise des opioïdes aux États-Unis. Aujourd’hui, son combat contre cette empire familial continue et Nan Goldin n’est pas seule.
«Brainwashed»
- Réalisé par Nina Menkes
De «Metropolis» à «Eyes Wide Shut» en passant par «The Breakfast Club», «Il était une fois à Hollywood», «La vie d'Adèle», «La Dame de Shanghaï», «Blade Runner» ou encore «Raging Bull», sur la base de sa conférence, la réalisatrice Nina Menkes signe une masterclass pour étudier ce fameux male gaze au cinéma, et comprendre comment nombre de chefs-d'œuvre ont standardisé, sinon systématisé, la représentation des femmes. Établissant une ligne directe entre l'objectivation sexuelle à l’écran, les discriminations, les violences et la culture du viol, «Brainwashed» est un travail d’une minutie et d’une importance rare.
«Notre corps»
- Réalisé par Claire Simon
Caméra au poing, la cinéaste Claire Simon («Vous ne désirez que moi», «Gare du Nord») se glisse dans le service gynécologique de l’hôpital Tenon à Paris pour en exposer le quotidien. Rendez-vous médicaux, opérations, naissances : l’univers hospitalier dévoile au public un microcosme rythmé d’instants de joie, de peur, de tristesse.
«Matter Out of Place»
- Réalisé par Nikolaus Geyrhalter
Présenté à Locarno en 2022 (lauréat du Green Pardo WWF) et sorti sur les écrans en février, «Matter Out Of Place» parle des déchets dans les zones les plus reculées de la terre et se concentre sur les personnes qui tentent par tous les moyens de les nettoyer. À l’aide de sa caméra, Nikolaus Geyrhalter capte la dispersion des déchets et observe le travail de Sisyphe des éboueurs et des gestionnaires de déchets dans le monde entier.
«Kokomo City»
- Réalisé par D. Smith
Présenté à Sundance puis à Berlin, «Kokomo City» nous fait découvrir la vie de travailleuses du sexe trans afro-américaines aux États-Unis. Face à la caméra, Daniella Carter, Dominique Silver, Liyah Mitchell ou encore Koko Da Doll - assassinée par balles à Atlanta quelques mois seulement après la sortie du film - parlent avec humour et honnêteté des difficultés de leurs quotidiens. Les interventions se transforment en monologues passionnés et passionnants, plaidoyers, critiques, ou réminiscences, qui ne manquent pas de faire vibrer la totalité du spectre émotionnel.
«Pamela: A Love Story» (Netflix)
- Réalisé par Ryan White
Après avoir été l’objet d’autant de fantasmes que de controverses, et d’une récente série sur le scandale qui la fit célèbre, Pamela Anderson s’est dévoilée dans une histoire dont elle a, pour une fois, le contrôle. Dans ce documentaire, elle donne un aperçu de sa vie, de sa carrière et de l'être humain derrière la couverture créée par les médias. Un portrait intime autant qu’une passionnante réflexion sur les malversations des médias.
«Les Gardiennes de la planète»
- Réalisé par Jean-Albert Lièvre
Échouée sur la côte, une baleine à bosse attire l’attention de passants qui tentent par tous les moyens de la sauver. En parallèle, nous voyageons à travers le temps et les océans pour écouter l’histoire de ces fascinantes créatures. Un merveilleux voyage porté par la voix de l’acteur Jean Dujardin.
«La Reine Cléopâtre» (Netflix)
- Réalisé par Jada Pinkett Smith
Produite et racontée par Jada Pinkett Smith, «La Reine Cléopâtre» a enflammé les débats sur la couleur de peau de l’actrice principale, frôlant l’incident diplomatique avec l’Égypte. Au-delà de la polémique, la série se laisse regarder et peut-être un bon moyen pour certain.e.s de découvrir la diplomate, intellectuelle et fine stratège qu’était la reine. Entre place des femmes dans la société, manigances politiques et familles recomposées, son histoire peut facilement être lue dans l’air du temps.
«Dessiner pour résister»
- Réalisé par Alaa Amer et Alisar Hasan
Première femme caricaturiste en Syrie, l’histoire d’Amani Al-Ali fait l’objet d’un passionnant projet documentaire («Draw For Change !», dont est tiré le chapitre «Behind The Lines») couronné à Canneseries et présenté au dernier festival du documentaire de Nyon. Entre une caméra documentaire qui balaye les paysages délabrés d’Idlib et la mise en animation des caricatures de l’artiste, «Behind The Lines» a dévoilé le passionant récit de cette femme cartooniste sous les bombes de Bachar el-Assad.
«Casa Susanna» (Arte)
- Réalisé par Sebastien Lifshitz
Au nord de la ville de New York se trouve les montagnes Catskills. Dans ces magnifiques reliefs se dresse la propriété si particulière de Marie et Tito, transformée durant les années 50 et 60 en véritable refuge pour travestis. Perdus dans la nature, à l’abri des regards et du jugement cruel de la population, des hommes, maris et pères, se retrouvent. Parés de bijoux et élégamment vêtus à la façon des femmes de la classe moyenne américaine, ils profitent en communauté de quelques trop brefs instants de liberté.
«Mon pire ennemi»
- Réalisé par Mehran Tamadon
Installé en France depuis 1984, Mehran Tamadon aimerait pouvoir retourner dans son pays. À l’âge adulte, il y avait passé plusieurs années avant d’en être expulsé. L’interrogatoire qu’il y avait subi à cause de ses films est encore gravé dans sa mémoire. Alors qu’il rencontre d’autres iranien.nes expatrié.es, il les questionne sur leur propre expérience face à l’autorité et les pousse à rejouer un interrogatoire. Mais cette fois-ci, ils seront les tourmenteurs.
«Happy Pills»
- Réalisé par Arnaud Robert et Paolo Woods
Ils viennent des quatre coins du monde et ont tous une raison valable d’utiliser des médicaments dans leurs quotidiens. Qu’ils soient culturistes à Bombay, diagnostiqué TDH aux États-Unis, homosexuel en Israël ou mère célibataire au Pérou, tous considèrent les pilules comme une solution miracle aux difficultés de la vie. Une douce illusion pour repousser les angoisses, le manque de performance ou la fatigue. Un point commun qui semble exagéré, mais qui se révèle, au fil du documentaire, symptomatique des promesses d’une industrie pharmaceutique toujours plus indispensable.
«Play with the Devil»
- Réalisé par Olivier Joliat et Matthias Willi
Le documentaire «Play with the Devil» suit le musicien bâlois Manuel Gagneux qui, avec son projet "Zeal & Ardor", compose un mélange musical fait de roots et de metal. En apparence inconciliable, ces deux univers recèlent pourtant un grand potentiel pour l'artiste, celui d'une écriture alternative de l'histoire, une force politique. Le film joue sur la difficulté de cette entreprise et retrace en même temps l'évolution et le travail, non sans embûches, du musicien.
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