Kritik15. April 2024
Critique de «Daaaaaalí!», entretien avec un aaaaaartiste
Second film de l’année 2023 après «Yannick» pour le prolifique et excentrique Quentin Dupieux qui propose ici une plongée dans l’univers déjanté de Salvador Dali. Hors compétition à la Mostra de Venise, «Daaaaaalí!» débarque enfin dans les salles.
(Une critique de Damien Brodard, depuis la Mostra de Venise 2023)
Judith (Anaïs Demoustier), ancienne boulangère devenue journaliste, tente tant bien que mal d’obtenir un entretien digne de ce nom avec Salvador Dali (Edouard Baer, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche et Pio Marmaï). En raison des exigences absurdes et du caractère épouvantable de l’artiste, Judith doit s’y prendre à plusieurs reprises.
Grâce à un rythme de travail exceptionnel, le réalisateur français Quentin Dupieux est déjà en mesure de présenter sa nouvelle affabulation, cette fois pour s’amuser avec l’image d’un artiste extravaguant. Pour retranscrire la spirale infernale dans laquelle s’est empêtrée la protagoniste en voulant rencontrer Dali, Dupieux travaille le motif de la boucle, que ce soit au niveau du montage ou du récit. Un couloir semblant interminable, un rêve qui n’en finit pas, des comédiens qui s’interchangent, le jeu de répétition et d’enchevêtrement s’accordent parfaitement avec l’humour absurde cher au réalisateur. En jouant de la sorte avec des idées visuelles à profusion, le Français donne un véritable panache à sa mise en scène. Le long métrage ne se distingue pas véritablement sur d’autres aspects visuels, la photographie aux tons pastel et les costumes bariolés – adaptés ici à l’univers de Dali – a déjà été vue dans de précédentes œuvres de Dupieux.
Attraction principale du film, le rôle de Salvador Dali est assuré par quatre acteurs de talent, dont la malice et l’énergie rendent ce personnage aussi hilarant que détestable. Il est toutefois dommage que Pio Marmaï soit quelque peu mis en retrait par rapport à ses co-interprètes. Tous s’adonnent à un surjeu des plus surréalistes, qu’on pardonne volontiers étant donné la nature outrageusement exagérée du film. Pour répondre à tout ce beau monde, Anaïs Demoustier apporte un contrepied bienvenu dans la peau d’une journaliste naïve, malmenée par les demandes insensées de l’artiste.
Malgré une mise en scène ludique et des interprètes au poil, difficile de ne pas associer ce «Daaaaaalí!» (oui, avec six fois la lettre «a») à une énième blague de Dupieux. Qu’on ne s’y méprenne pas, le long métrage est tout à fait plaisant, mais il ressemble plus à un enchaînement de situations loufoques sans véritablement de fond. Il y a bien des tentatives de questionner le for intérieur de Salvador Dali ou de donner plusieurs niveaux de lecture, on peine cependant à prendre cela au sérieux au vu du reste de l’œuvre. Un Dupieux amusant, joliment construit, mais qui se place plutôt du côté de la farce légère et dispensable.
3,5/5 ★
Au cinéma le 17 avril.
Plus d'informations sur «Daaaaaalí!»
Bande-annonce de «Daaaaaali !»
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