Kritik30. September 2021 Emma Raposo
«Mourir peut attendre» - Daniel Craig tire sa révérence devant la caméra de Cary Fukunaga
Il était attendu comme le messie, et c’est peu de le dire. Il aura fallu 6 ans depuis le dernier opus, « Spectre », pour que 007 se fraie à nouveau un chemin vers les salles obscures, et quelques 18 mois de tergiversations liées à la pandémie pour que ce 25ème chapitre, réalisé par l’Américain Cary Joji Fukunaga et marquant le départ de Daniel Craig de la franchise, puisse être enfin dévoilé. Alors, le métrage messianique censé rebooster un secteur du divertissement logiquement moribond depuis près de 2 ans répond-il aux attentes ?
James (Daniel Craig) est désormais à la retraite. Entre parties de pêche, sorties en voilier et virées en jeep, 007 coule des jours paisibles en short sur les plages de Jamaïque. Mais Bond a vite fait d’être rattrapé par son passé d’espion : un agent de la CIA et ami de longue date, Felix Leiter (Jeffrey Wright), refait surface pour lui proposer une mission ayant pour objectif de sauver un scientifique russe (David Dencik) des griffes d’une bande de malfrats aux intentions peu catholiques. Mais Bond n’est pas tout seul sur le coup, le MI6 est également de la partie avec sa nouvelle recrue, l’agente Nomi, matricule… 007 (Lashana Lynch), à la recherche du même individu. Finalement réunis pour contrer les aspirations démoniaques des êtres malfaisants, Bond et Nomi seront amenés à en découdre avec un méchant, Lyutsifer Safin (Rami Malek), doté d’armes biologiques dévastatrices.
Il va diviser autant qu’il va plaire, « No Time To Die », de son titre original, signe le 5ème et dernier tour de piste de Daniel Craig dans le costume du séducteur le plus célèbre du monde. 15 ans après « Casino Royale », c’est un toujours très fringant Daniel Craig qui reprend du service dans un contexte un peu particulier puisque la relève, incarnée par Lashana Lynch, joue des coudes. Et des personnages féminins, on nous en avait vendu durant les longs mois d’attente qui ont précédé la sortie du film. La production avait même embauché une autrice de choix en la personne de Phoebe Waller-Bridge, géniale créatrice de la série « Fleabag », venue gonfler les rangs des scénaristes déjà aux commandes, Neal Purvis, Robert Wade, et Cary Fukunaga, et insuffler complexité et modernité aux personnages féminins. Et c’est malheureusement un des points faibles du film : des personnages féminins trop peu exploités, à l’instar de Paloma, une agente secrète badass déguisée en godiche, interprétée par une très habile Ana de Armas, qui aurait mérité quelques lignes de script en plus.
Un Bond plus sensible que jamais...
Si « Mourir peut attendre » souffre de quelques faiblesses scénaristiques, ce 25ème volet reste toutefois un film bourré de qualités qui en met plein les yeux. Quelques petites touches d’humour ici et là, de très belles scènes d’action, dont on retiendra la très impressionnante course poursuite dans les rues de la cité italienne de Matera et des paysages de cartes postales comme les eaux turquoises de la Jamaïque, clin d’œil à I’île où Ian Fleming a écrit les aventures de 007, « Mourir peut attendre » ne déroge pas à certaines règles des classiques du genre 007. Et pourtant, cet opus opère réellement un virage en faisant la part belle à l’émotion et aux doutes avec un Bond plus sensible que jamais, tentant de naviguer dans sa relation avec Madeleine, interprétée par Lea Seydoux.
Pari audacieux que de miser sur Cary Fukunaga après la démission de Danny Boyle initialement à la barre de la réalisation. Si Fukunaga est plus connu pour des films aux budgets bien plus modestes, tels que « Sin nombre » ou « Beasts of No Nation », il a démontré un savoir-faire incontestable en signant la brillante première saison de « True Detective », et a su porter le projet Bond avec toute la maîtrise qu’on lui connaît. Des plans soignés, un rythme qui ne s’essouffle jamais durant les 2h43 de film, le cinéaste peut se targuer d’avoir amorcé un tournant revigorant dans la très formatée saga Bond en proposant une facette différente du héros, lui prodiguant au passage plus d’humanité. Laissant désormais la place à la relève, Daniel Craig s’offre un tout dernier terrain de jeu de qualité dans la peau de 007.
4/5 ★
Le 29 septembre au cinéma. Plus d'informations sur «Mourir peut attendre».
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