C’est en Afghanistan, vers 2011, que le film prend ses marques. Une période d'intenses changements sociaux dans un paysage post-taliban, où se dessine une forte haine des États-Unis et les grandes lignes d’un régime hétéro-patriarcales.
(Critique d'Alejandro Manjon, adaptée de l’allemand par Maxime Maynard)
Jusqu’ici, Herra n’avait pas une existence très agréable, entre de difficiles relations avec sa famille et une vie sociale quelque peu limitée. Et c'est peut-être pour ces raisons que la jeune Tchèque n’a jamais vraiment réussi à se sentir chez elle à Prague. Un jour, comme une évidence, Nazir se présente à l'un de ses cours d'économie à l'université. C'est le coup de foudre.
Le long métrage mettra ainsi l'accent sur une réalité sans agenda politique aucun...
Quelques mois plus tard, le couple déménage à Kaboul, la ville natale de Nazir, où ils se marient selon les traditions afghanes. Mais la vie n'y est pas toujours simple pour une Européenne. Herra devra apprendre le dari - l'une des deux langues officielles du pays -, se familiariser avec les traditions, se défendre contre les préjugés envers l’Occident ainsi que s'adapter à la famille de Nazir et à sa dynamique. Outre Herra, le personnage de Maad joue un rôle central. Enfant souffrant d'une déformation de la tête, son humour, son intelligence et sa gentillesse plaisent à la jeune Tchèque, qui s'attache à elle. L’étroite relation qui en découle, leur donnera à toutes les deux l'impression d’appartenir à une véritable famille recomposée. «Je meurs ici sans toi», confessera doucement l'enfant à Herra.
«My Sunny Maad» de Michaela Pavlátová est un film d'animation agréablement dessiné, basé sur le roman "Frišta" de Petra Procházková. La perspective du film, s’éloignant d’un manichéisme simpliste, est son élément le plus captivant. La diversité des points de vue est mise en lumière, permettant à chacun de s’exprimer. Ainsi, la marge de manœuvre des femmes afghanes est exposée, sans perdre de vue la forte présence patriarcale. De même, la haine indéniable des Américains par la population civile est traitée avec prudence.
Mais l'intrigue ne s'arrête pas à ces oppositions et offre un aperçu plus approfondi de la société afghane, diverse et bigarrée. Nous y faisons la connaissance d’une ribambelle de personnages : le grand-père féministe qui prendra Herra sous son aile, Nazir lui-même, employé par les Américains, ou l'Américaine du consulat, condescendante envers la culture afghane. Le long métrage mettra ainsi l'accent sur une réalité sans agenda politique. L’histoire d’un pays, de ses habitants et d’impressions vécues par Herra, une femme dont le propre objectif est simplement d'être heureuse.
Par son goût soigné du détail, son animation, son scénario proche de la réalité et la musique des talentueux frères Galperine, «My Sunny Maad» donne à voir une parfaite mosaïque de scènes expressives dont nous ne pouvons détourner le regard.
4,5/5 ★
Le 27 avril au cinéma
Plus d'informations sur «My Sunny Maad».
Bande-annonce :
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