Kritik26. Januar 2021 Sven Papaux
Que vaut la nouvelle série «Losing Alice» sur Apple TV+?
Apple TV+ nous propose une série qui se positionne déjà comme l’une des meilleures en 2021. «Losing Alice» de Sigal Avin plaque une histoire haletante entre désir et renaissance personnelle.
«Ça fait longtemps que je ne me jette plus à l’eau sans réfléchir» avoue Alice Ginor (Ayelet Zurer). Voici une belle description pour une cinéaste en panne d’inspiration et mère de famille approchant la cinquantaine. Elle est mariée à David (Gal Toren), acteur à la carrière bien construite et au sommet de son art. Alice, angoissée de sentir sa carrière stagner, fatiguée de vivre dans l’ombre de son mari, rencontre par hasard une jeune scénariste, Sophie Marciano (Lihi Kornowski): intrigante, sulfureuse, les 2 femmes vont échanger durant un voyage en train. Et une chose entrainant une autre, Alice est nommée comme réalisatrice pour le projet de Sophie, avec David dans le rôle principal.
C’est par bribes, par fragments que Sigal Avin construit magistralement un thriller psychologique dangereusement glissant. La cause: Sophie, cette figure qui cristallise les attentions, débarquant sans crier gare au milieu d’un couple à la routine bien huilée. «Losing Alice» s’explore par strates astucieuses à travers cette séductrice aux apparences innocentes, au corps souvent tout juste couvert. Auteure d’un script transgressif, objet des convoitises, elle opère sur le couple telle une obsession artistique un temps, avant de prendre des airs de cauchemars et surtout d’épée de Damoclès sur un mariage sans histoire.
Sigal Avin réussit un grand coup avec «Losing Alice».
La grâce de Lihi Kornowski - son regard de serpent et sa fragilité qu’on perçoit - nous renvoie à cette sensation de voguer en eaux troubles. L’incertitude autour de son passé, l’agitation qu’elle occasionne dès son entrée en scène, comme ses intentions toujours floues, Kornowski assure le show, faisant glisser le récit dans un voile noir. Un piège qu’Alice - excellente, divine Ayelet Zurer - peine à déjouer, au prise avec ses intentions et ses désirs. Pire, elle se plaît à suivre les contours d’une forme de renaissance, retrouvant une seconde jeunesse, soufflant de nouveau le désir, recouvrant son instinct artistique ; Sophie lui permet de lâcher prise - une scène de Gaga l’exprime par les mouvements -, mais Alice laisse surtout entrer le loup dans la bergerie.
Se sentant enfermée dans son rôle de mère, soucieuse de voir sa carrière lui filer entre les doigts, Alice est une excellente équation qui évite les clichés. Avin constitue une trame fantasmatique, axée sur une élégance du cadre et un narcissisme latent. Surtout, cette série transpire la toxicité relationnelle, formant même une frontière dangereuse à sauter entre le désir et la création.
«Losing Alice» est donc un scénario dans le scénario ; une série dans la série. Cet objet de tous les tourments, le script de «La Chambre 209» s’applique à Alice et son destin de mère de famille, avant tout de femme enfouissant son talent artistique car (peut-être) chiffonnée par une pression sociale: celle d’être mère. Alors quand elle se décide de «sauter à l’eau», elle nage dans un bain d’érotisme, un lagon de sensualité qu’elle avait oublié, en compagnie de Sophie, l’ondine israélienne prête à noyer un mariage par sa malice et sa plastique. Sigal Avin réussit un grand coup avec «Losing Alice».
NOTE 4.5/5 ★
Disponible à partir du 22 janvier sur Apple TV+
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