Kritik2. Oktober 2023 Maxime Maynard
ZFF 2023 : «Retour en Alexandrie», Fanny Ardant à travers les paysages égyptiens
Le réalisateur helvetico-égyptien Tamer Ruggli présente au ZFF son premier long métrage «Retour en Alexandrie», en compétition pour l'Œil d'or.
Voilà vingt ans que Sue (Nadine Labaki) est partie d’Égypte. Installée en Suisse, elle a depuis pris ses distances avec sa famille. Mais lorsque sa tante lui apprend que sa mère, Fairouz (Fanny Ardant), a été victime d’une attaque, elle fait ses valises et s’envole pour son pays d’origine. En route entre le Caire et Alexandrie, Sue se retrouve confrontée aux fantômes de son passé.
S’il avait déjà fait le tour des festivals internationaux grâce à ses courts métrages «Cappuccino» (2010) et «Hazel» (2012), c’est à Zurich, ville qui l’a vu naître, que le cinéaste Tamer Ruggli présente, en première mondiale, son tout premier long métrage. Un retour aux sources facilement mis en parallèle avec celui de son œuvre. Doucement, réalité et fiction semblent se mélanger. Et en s’inspirant de l’histoire des femmes de sa famille, le cinéaste donne naissance à un projet personnel et introspectif.
De Suisse en Égypte, du Caire à Alexandrie, le temps de plusieurs escales, le personnage de Sue tente de refermer les blessures béantes des traumatismes de son enfance en se confrontant à l’écho de sa mère et aux voix de son passé. Un voyage temporel accompagné en douceur par des classiques de la chanson arabophone, de costumes vintages proposés par Anne Van Brée et une douce esthétique pastel, mise en valeur par la photographie de Thomas Hartmeier et les superbes paysages de la région. L’aura de nostalgie est palpable et transporte le public dans un voyage à travers la mémoire d’une famille et du souvenir d’une Égypte d’un autre temps.
Pour illustrer cette turbulente relation entre une fille et sa mère, Tamer Ruggli fait appel à la célèbre actrice française Fanny Ardant et à la star libanaise Nadine Labaki («Costa Brava, Lebanon»). Deux légendes dont les visages hantaient déjà son esprit lors de l’écriture du scénario. De sa voix si reconnaissable, Fanny Ardant adoucit la moindre remarque désobligeante, la plus petite réplique déplacée. Nadine Labaki porte le film sur ses épaules par sa constante présence à l’écran. Si sa performance démarre en toute timidité, elle prend ses marques au fur et à mesure du film et finit par habiter l’écran grâce à son charisme.
Si les maladresses sont nombreuses et les facilités stylistiques parfois exaspérantes – une tasse cassée prendra ainsi le temps du film pour que ses morceaux soient recollés – une véritable tendresse apportera du réconfort au public, qui ressortira fredonnant des musiques d’une autre époque. Un premier long métrage profondément sincère qui rend surtout curieux des futurs projets de Tamer Ruggli.
3,5/5 ★
Au cinéma le 31 janvier 2024.
Plus d'informations sur «Retour en Alexandrie».
Bande-annonce de «Retour en Alexandrie»
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