Kritik27. November 2023

«La Chimère», la nouvelle œuvre poétique d’Alice Rohrwacher

«La Chimère», la nouvelle œuvre poétique d’Alice Rohrwacher
© Filmcoopi

En compétition pour la Palme d’or à la dernière édition du Festival de Cannes, Alice Rohrwacher présente «La Chimère», un conte enchanteur d’un genre fantastique tout en retenu.

Jeune Anglais, Arthur (Josh O’Connor), vit dans la Toscane des années 80 et utilise ses dons particuliers pour mettre à jour des trésors étrusques. Avec ses amis, ils sont des tombaroli, des pilleurs de tombes, cherchant la richesse dans des sépultures oubliées. Entre passé et présent, Arthur erre, emmêlé dans le souvenir d’un amour perdu.

Alice Rohrwacher est une conteuse de talent. En douceur, elle pare ses œuvres d’une magie subtilement terre à terre et brouille la frontière entre fantastique et monde réel. Ainsi, en 2018, le protagoniste d’«Heureux comme Lazzaro» disparaît mystérieusement avant de réapparaître plusieurs dizaines d’années plus tard, toujours aussi jeune, comme si le temps n’avait eu aucune emprise sur lui. Dans «La Chimère», c’est au tour d’Arthur de posséder des capacités troublantes : il peut ressentir ce qui est caché sous terre et ainsi découvrir l’entrée de tombeaux antiques.

Cette vision du fabuleux, typique des films d’Alice Rohrwacher, fait écho à celle des tombaroli, que la réalisatrice observait en Toscane, sa région natale, du temps de sa jeunesse. Pour ces hommes, le merveilleux prenait racine dans la vie quotidienne et chaque groupe se devait de posséder un membre aux dons obscurs. D’étranges facultés qu’Arthur manie habilement.

© Filmcoopi

Pour l’incarner, l’acteur britannique Josh O’Connor - découvert dans le film «Seul la terre» de Francis Lee et dans la série Netflix «The Crown» - fait preuve d’une sobriété appréciable qui laisse pourtant transparaître la moindre émotion. Il est entouré de la légendaire Isabella Rossellini, de la magnétique actrice brésilienne Carol Duarte ou encore de l’actrice française Lou Roy-Lecollinet. Un concentré de talent à savourer avec attention.

Si les premiers instants du long métrage peuvent être complexes à interpréter, devant le manque d’informations et de contextualisation, le récit se dévoile doucement, sans hâte. Il est agréablement accompagné d’images empreintes de nostalgie, d’une diversité musicale plaisante et d’instants de digressions stylistiques originaux. Ainsi, l’écran se retourne, la pellicule s’accélère, le quatrième mur est brisé par un aparté francophone. Et, sans surprise de la part d’Alice Rohrwacher, le résultat est délicieusement poétique et particulièrement attrayant.

4/5 ★

À découvrir le 29 novembre au cinéma.

Plus d'informations sur «La Chimère».

Bande-annonce de «La Chimère»

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