Review12. Dezember 2023 Theo Metais
Critique de «Past Lives», la mélancolie douce-amer d’un amour éternel
Premier film de la cinéaste coréenne-canadienne Celine Song, «Past Lives» se fait le délicat récit de deux amis d’enfance sur 20 ans, et de l’immigration coréenne aux États-Unis. Certainement l'un des plus beaux films de 2023.
À Séoul, Na Young (Greta Lee) et Hae Sung (Teo Yoo) ont une dizaine d’années. Les parents se connaissent, les deux enfants partagent la même école, jouent ensemble. Et à l’aube de l’adolescence, un jour, ils se tiendront la main. Or la suite de cette histoire est bientôt avortée alors que les parents de Na Young décident de quitter la Corée du Sud et de s’installer à Toronto. Les années passent, Na Young vit aujourd’hui aux États-Unis. Et après deux décennies, Hae Sung débarque à New York pour une semaine. Bientôt, une mélancolie particulière bouleverse la jeune femme.
Au cours des 24 années qui les séparent de l’enfance, Na Young et Hae Sung auront deux fois tenté de se retrouver. Les retrouvailles ayant toujours été assorties d’un bonheur véritable et du goût amer de l’évidence. En effet, la vie de Na Young, dont le nom s’est occidentalisé en Nora Moon, a bien évolué. Elle s’est construite en tant qu’adulte sur le sol américain. Ses ambitions d’écriture entendent bien l’y faire rester et elle s’est même mariée avec un essayiste juif américain (touchant John Magaro). Et si des questions sont depuis restées irrésolues, sa vie a bien changé.
Dramaturge et nouvellement cinéaste, Celine Song infuse de sa propre expérience dans son premier métrage. Un film qui célébrait sa première en janvier à Sundance et aujourd’hui révélé au public de la 73e édition du festival de Berlin. Les formidables Greta Lee et Teo Yoo («Decision to Leave») y brillent dans l’incarnation de ce tandem singulier. Produit par la maison américaine A24, «Past Lives» pourra se vivre comme un vent de fraicheur soufflé sur des concepts éternels tels que l'amour et le destin.
Peut-être que dans une vie antérieure, Na Young et Hae Sung, ont bel et bien existé ensemble. Peut-être aussi qu’Hae Sung ne lui avait jamais rien demandé d’autre que de l’aimer. Lorsqu’ils se retrouvent à New-York, tout est ouvert, insoluble… Et «Past Lives» se pare d’une élégante empathie pour accompagner le récit de ces existences. Et dans le marbre de la providence, Celine Song a façonné une œuvre d’une infinie douceur.
4,5/5 ★
A découvrir au cinéma le 13 décembre
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