«Olga», «Les Longs adieux», «L'Homme à la caméra»… Voici 9 œuvres qui offrent un autre regard sur l'Ukraine

Moins évoqué que d’autres en Europe, le cinéma ukrainien n’en reste pas moins un art singulier, iconoclaste, acclamé, moderne, capable de satires, d’envolées expérimentales, et de traverser les époques une caméra à la main. En témoigne le Quartz 2022 du «meilleur film de fiction» attribué à «Olga», l’art est ce formidable outil pour prendre le pouls de l’histoire. Alors en contrepoint à l’actualité, voici une sélection de 9 œuvres pour un autre regard sur la société ukrainienne, d'hier et d'aujourd'hui.

Un article d’Alejandro Manjon, Maxime Maynard et Théo Metais

Olga (2021)

Couronné du prix du «meilleur film de fiction» au dernier Prix du cinéma suisse, «Olga» est le premier long métrage du réalisateur Elie Grappe. Vainqueur dans deux autres catégories («meilleur son», «meilleur scénario»), il se fait la voix d'une adolescente pas comme les autres. Olga, (Anastasiia Budiashkina), 15 ans, est la meilleure athlète de l'équipe nationale de gymnastique ukrainienne. Sa mère, une journaliste critique envers le régime, enquête sur le président Ianoukovitch au péril de sa vie. Après avoir échappé de justesse à un attentat, elle persuade l'adolescente de faire ses valises pour la Suisse. Une chance de s'entraîner dans de bonnes conditions et de monter sur le podium des championnats d'Europe.

Vers les séances au cinéma pour ce film

Serviteur du Peuple (2015)

Volodymyr Zelensky s’est illustré dans les tourments de l'actuel conflit. Devenu figure de la résistance ukrainienne face à l'invasion de Vladimir Poutine, il s'est d'abord démarqué en 2015 dans une loufoque comédie satirique. Créée et produite par ses soins, la série est rapidement devenue culte. Dans une histoire que la réalité ne tardera pas à reproduire, un professeur passionné se retrouve, après un engouement médiatique national, dans le costume de président. Au cœur d’une géopolitique complexe, «Serviteur du peuple» proposait une vision légère et décomplexée de la situation en Ukraine.

À découvrir sur Arte

Maidan (2014)

Sur la place de l'indépendance de la capitale ukrainienne Kyiv, connue sous le nom de «Maidan», la population en colère se soulève contre le régime du président Ianoukovitch. Un épisode historique de l'histoire du pays, que les caméras du réalisateur Sergei Loznitsa scrutent dans ses moindres détails : la préparation d'une soupe chaude, les discussions entre manifestants, la population entonnant en choeur l'hymne national, les combats de rue avec la police. Au coeur de la révolution, le documentaire embrasse dans son ensemble le peuple et les événements. Le témoignage unique d'un pays en pleine mutation.

À découvrir sur Filmingo.de

The Tribe (2014)

Lauréat du grand prix de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2014, Miroslav Slaboshpitsky nous plonge au coeur d'un dangereux gang qui règne sur un internat pour sourds. Prostitution, corruption, décadence. Un système moribond qui laisse les jeunes à l'abandon. Les dynamiques de l'environnement, sombre dans le film, sont magnifiées par le style. Les dialogues sans paroles en langue des signes sont plus bruyants que les actes scandaleux qui s'accumulent. Sans doublage ni sous-titre, seul l'émotion, intense et poignante, perce l'écran.

À découvrir sur Amazon Prime

Donbass (2019)

Une fine ligne sépare l'absurde du sérieux, le comique de l'inquiétant, la vie de la mort. Tout au long de son film, Sergei Loznitsa franchit cette frontière en montrant au public les conditions de vie difficiles des ukrainiens, sans pour autant perdre l'humour. Un film militant proposé dans un format singulier qui explore, en 13 histoires, la folie de la guerre du Donbass entre les séparatistes russes et l'armée ukrainienne. Les quotidiens des habitants de cette région de l'est de l'Ukraine sont mis en avant pour ne pas perdre leur histoires et leur voix dans le chaos du conflit.

À découvrir le 31 mars sur la RTS 1

Les Longs adieux

La célèbre réalisatrice Kira Mouratova connait la censure tout au long de sa carrière. Figure marquante du cinéma de l'union soviétique, elle réussit une transition parfaite lors de sa dislocation et participe au renouveau du cinéma ukrainien. «Les Longs adieux» de 1971, censuré jusqu'en 1987, présente Evguenia (Zinaïda Charko), une mère célibataire et possessive. Suite à un été auprès de son père, son fils Sasha (Oleg Vladimirsky), manifeste la volonté de partir vivre avec lui.

À découvrir en accès libre jusqu'au 5 avril 2022 sur le site de la cinémathèque française

L'Ombre de Staline (2019)

1933 en Europe. Le journaliste anglais Gareth Jones (James Norton) a été le premier journaliste à interviewer Hitler, et il se rend maintenant à Moscou, bien déterminé à obtenir une interview de Staline. Là-bas, il comprend rapidement que s'intéresser de trop près au dirigeant du partie communiste peut être dangereux. Mais il fera tout pour montrer au monde le vrai visage de Staline et devra, pour cela, se rendre en Ukraine. Un récit biographique sombre aux airs de polar.

Disponible en VOD.

Winter on Fire: Ukraine's Fight for Freedom (2015)

Dans son documentaire, Evgeny Afineevsky offre au public un regard humain sur la révolution de Maïdan de 2014. Des images rugueuses, un sentiment national ukrainien et une résilience populaire sont mis sur la place publique au milieu d'un conflit géopolitique turbulent. Une révolution qui, en l'espace de trois mois, a ébranlé le pays entier et toutes ses relations internationales.

À découvrir sur Netflix

L'Homme à la caméra

Né dans l'actuelle Pologne, Dziga Vertov réalisait en 1929 L'Homme à la caméra. Un documentaire historique, déambulation expérimentale dans les villes de l'union Soviétique, nous y découvrons les paysages russes et ukrainiens pour un film muet aux airs de «Berlin, symphonie d'une grande ville» (1927). Moderne avant l'heure, une véritable curiosité cinématographique et toujours très d'actualité.

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