Review29. Mai 2022 Cineman Redaktion
Cannes 2022 - «Triangle of Sadness» de Ruben Östlund décroche la Palme d’Or
Après avoir décroché la Palme d’Or en 2017 avec «The Square», le cinéaste suédois remporte une nouvelle fois la plus prestigieuse des récompenses à Cannes avec un film acide et satirique : «Triangle of Sadness». Le cinéaste rejoint, au passage, le club des doubles palmés à Cannes aux côtés de Ken Loach, des frères Dardenne ou encore de Michael Haneke.
Dans son nouveau film, Ruben Östlund nous donne énormément à voir. Un sentiment d'inconfort nous traverse pendant deux heures et demie ; à son apogée, «Triangle of Sadness» («Sans Filtre» en français) piétine même la limite du supportable.
Le long métrage révèle une critique acerbe des super-riches et des beaux de ce monde. Ainsi, Yaya (Charlbi Dean), magnifique mannequin, souhaite arrêter sa carrière et épouser un millionnaire. De son côté, un capitaine de bateau de croisière alcoolique (Woody Harrelson), dégouté par la haute cuisine, préfère commander des hamburgers et des frites.
Le cinéaste Ruben Östlund met à rude épreuve le seuil de tolérance à la douleur de son public. Dans sa partie centrale, plus longue que les deux autres, le dégoût se mêle à une joie presque enfantine. Sans en révéler davantage sur le film, chaque rebondissement surprend, chaque réplique tombe à pic.
Et quand vous pensez qu’il est impossible d’être encore plus radical, «Triangle of Sadness» se plaira à vous contredire. Mais au-delà d’une vaste critique sur celles et ceux qui gaspillent leur richesse dans la décadence, le long métrage remet merveilleusement en question les modèles et les conventions liés aux rôles et aux genres. Une extraordinaire richesse d’idées, une satire parfaitement mise en scène et portée par une attention toute particulière pour les détails, même les plus simples.
5/5 ★
(Un texte en allemand de Teresa Vena depuis Cannes, adapté en français par Théo Metais)
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