Review28. September 2023

Critique d'«Interdit aux chiens et aux Italiens», un délicieux récit familial en stop motion

Critique d'«Interdit aux chiens et aux Italiens», un délicieux récit familial en stop motion
© Outside the Box

Avec «Interdit aux chiens et aux Italiens», le réalisateur Alain Ughetto propose un récit familial poignant dans un long métrage en stop motion simple et efficace : un délice !

Luigi Ughetto est né dans un petit village des montagnes italiennes. En cette fin du XIXe siècle, les temps sont rudes pour les habitants. Dans l’espoir d’y trouver du travail, il part en France. Au gré des rencontres, des retours au pays, des amours, des drames, se dévoilent doucement la chronique d’une famille, l’histoire d’un pays.

Le cinéaste Alain Ughetto aime laisser au public le temps de savourer ses œuvres. Alors qu’il dévoile son projet, «La Boule», en 1985, vainqueur la même année du César du meilleur court métrage d’animation, il se lance dans son tout premier long métrage en 2013 avec l’intrigant documentaire animé «Jasmine». Dix années ont passé et le voilà enfin de retour pour nous offrir un nouveau moment d’émotion.

Critique d'«Interdit aux chiens et aux Italiens», un délicieux récit familial en stop motion
«Interdit aux chiens et aux Italiens» © Outside the Box

Avec ses décors, ses personnages, son animation, «Interdit aux chiens et aux Italiens» se démarque par une volonté de simplicité évidente et terriblement efficace. Carton, charbon, brocolis, sucre se transforment en maisons, en montagnes, en forêts, en neige : un ensemble de matériaux rudimentaires, reflet de la rudesse quotidienne d’une époque révolue. La physionomie redondante des poupées se distingue par d’amusantes variations capillaires. Une agréable sobriété qui laisse spectatrices et spectateurs apprécier à sa juste valeur l’histoire de la famille Ughtetto.

À l’aide des récits de ses parents, des souvenirs de ses cousins, des anecdotes de ses frères et sœurs, Alain Ughetto construit la vie d’un grand-père qu’il n’a jamais connu. Pour conter cette existence, il se met en scène dans un dialogue fictif, mais affectueux, avec une poupée de 23 cm de haut, créée à l’image sa grand-mère Cerisa. La voix chaude et chantante du cinéaste l’interroge, s’étonne, partage. Sa seule main, en chair et en os, relit la frontière entre réalité et fiction, et créée un lien intergénérationnel réconfortant entre les personnages.

«Interdit aux chiens et aux Italiens» © Outside the Box

Loin de n’être qu’une simple histoire de famille, le long métrage se fait le déchirant récit d’une génération complexe et des tourments d’un pays. Famine, misère, fascisme, nazisme : la dureté du quotidien de la fin du XIXe et du début du XXe siècle s’oppose à l’optimisme de Luigi. Les instants les plus sombres ne sont pas ignorés et, souvent, la mort frappe au hasard, n’épargnant personne. Exprimés avec une douce pudeur, ces drames n’en deviennent que plus poignants.

Leçon d’Histoire oubliée, rencontre familiale, conversation intergénérationnelle : «Interdit aux chiens et aux Italiens» d’Alain Ughetto se savoure et ne présente qu’un seul défaut : ne pas durer plus longtemps. Un film bouleversant, fascinant, attrayant.

4,5/5 ★

Au cinéma depuis le 27 septembre.

Plus d'informations sur «Interdit aux chiens et aux Italiens».

Bande-annonce d'«Interdit aux chiens et aux Italiens»

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