Review28. März 2024
Critique de «La Promesse verte», se battre pour les siens et la planète
Déjà concerné par des questionnements sociaux importants dans son précédent long-métrage, «Au nom de la terre» (2019), Edouard Bergeon s’attaque cette fois-ci à l’exploitation dévastatrice de l’huile de palme.
Après avoir tourné des images compromettantes d’exploitants d’huile de palme en Indonésie, Martin Landreau (Félix Moati), étudiant, est accusé à tort de trafic de drogue et condamné à mort par le gouvernement. Résolue à secourir son fils, Carole (Alexandra Lamy) se jette désespérément dans une bataille contre le gouvernement et les grandes industries, combattant à la fois pour la vie Martin et celle de la planète, tuée à petit feu par la déforestation.
Du fait de son sujet fort et son envie de transmettre un message militant, Edouard Bergeon aurait pu tomber dans l’écueil de la simple dénonciation du désastre écologique, obstruant le film de longues tirades explicatives au détriment du récit. Le réalisateur français s’y adonne parfois, mais, fort heureusement, celui-ci articule son propos autour d’une histoire prenante, bien que convenue de temps à autre. Le principal point d’intérêt du scénario n’est en effet pas de raconter une énième fois la dureté de la vie en prison ou le courage d’une mère qui porte secours à son fils, mais bien de poser les enjeux juridiques ainsi que les rapports de pouvoir qu’implique une telle affaire.
Comme un grain de sable enrayant les rouages bien dissimulés de la géopolitique, le personnage de Martin (Félix Moat) se retrouve au cœur de négociations vertigineuses entre gouvernements et grandes entreprises, permettant au récit de révéler l’envers du décor : un monde de mensonges empli de machinations aussi passionnantes à suivre que glaçantes. Outre ce beau morceau de bravoure, «La Promesse verte» garde son lot d’antagonistes caricaturaux et de séquences mélodramatiques prononcées, efficaces malgré tout, tant le traquenard est révoltant et le jeu d’Alexandra Lamy impliqué, quoiqu’emphatique.
À l’instar de l’écriture, la mise en scène de Bergeon, hormis une poignée d’exceptions, demeure trop sage et conventionnelle pour impressionner autrement que par son habileté à produire des images soignées. Si l’on eut pu souhaiter une meilleure maîtrise sur l’ensemble du film, il vaut sans doute mieux voir le verre à moitié plein : le message y est percutant, le cœur du récit souvent haletant, malgré un enrobage qui ne fait qu’effleurer le potentiel du long-métrage.
3,5/5 ★
Au cinéma depuis le 27 mars en Suisse romande.
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Bande-annonce de «La Promesse verte»
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