Review16. Mai 2023 Cineman Redaktion
Cannes 2023 : critique de «Jeanne du Barry», quand Maïwenn plonge dans les entrailles de Versailles
Présenté en ouverture du Festival de Cannes, «Jeanne du Barry» retrace le destin d’une femme à la fois admirée et détestée, qui a bouleversé les codes de la Cour de Versailles. Voici notre critique.
(Une critique de Marine Guillain, depuis Cannes)
Jeanne (Maïwenn) naît roturière et grandit dans la pauvreté, bien loin du luxe et de l’opulence dans lesquels nagent les personnes les plus importantes de la haute société. Au fil des ans, elle découvre le pouvoir de ses charmes et devient courtisane, séduisant des hommes toujours plus importants. «Une façon d’être femme qui était aussi une façon d'être libre», commente la voix off. Après s’être acoquinée avec le Comte du Barry (Melvil Poupaud), ce dernier se met en tête de la présenter au roi (Johnny Depp). Une affaire qui pourrait certainement leur procurer quelques avantages! Devenant très vite l’amante du roi, Jeanne commence à prendre de plus en plus de place dans son cœur et dans sa vie…
En pleine cour de Versailles foisonnante de règles et d'interdictions, Jeanne parvient à garder son authenticité. Elle lance des modes (les rayures), se présente les cheveux lâchés, s'habille en homme, refuse d’adopter face au roi certaines attitudes qu’elle juge absurdes. Elle devient ainsi un personnage à part et controversé : tantôt détestée, jalousée, imitée, admirée. Avec ce récit, Maïwenn nous immerge au cœur de Versailles, dans ses us et coutumes parfois touchants, parfois grotesques, dont elle se moque gentiment, non pas sans humour et tendresse.
Quel beau casting pour faire les joies de la cour! Si India Hair en fille du roi bête et frustrée est légèrement dans l’exagération, Benjamin Lavernhe est parfaitement à sa place en conseiller du roi, Melvil Poupaud épate une fois de plus en jouant l'ambiguïté et Johnny Depp fait oublier qu’il est Johnny Depp, tant la prestance de Louis XV lui sied - ou l’inverse. Des acteurs et actrices qui font presque tous un sans faute, des décors et des costumes fous: la plus grande réussite de «Jeanne du Barry» est son étonnante sobriété, pour dépeindre ce milieu qui n'en a aucune. Tout semble avoir été minutieusement pensé et choisi, si bien que les spectatrices et les spectateurs s’envolent avec le récit, mais ils en ressortent aussi instruit.e.s. Avec une mise en scène de haut vol et des dialogues ni trop pompeux ni trop nonchalants, Maïwenn a trouvé le bon ton. Et ça sonne juste.
4/5 ★
«Jeanne du Barry» est à découvrir dès le 17 mai au cinéma.
Bande-annonce de «Jeanne du Barry»
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