Review5. März 2024

Critique de «The Wonder Way», magnifique documentaire lancé à la poursuite des rêves

Critique de «The Wonder Way», magnifique documentaire lancé à la poursuite des rêves
© Intermezzo Films SA

«Comment se créer un monde à soi ?», voilà la question séminale qui a donné naissance au documentaire «The Wonder Way» de la réalisatrice suisse Emmanuelle Antille.

(Une critique de Kilian Junker)

Après le décès de sa grand-maman, la réalisatrice Emmanuelle Antille a découvert dans sa maison plusieurs collections, dont plus de mille dessins représentant son jardin. Enfermée à l’intérieur de son pavillon, sa grand-mère avait ainsi projeté autant de fragments d’imagination venant nourrir son existence sédentaire. À partir de cet épisode intime, la cinéaste va se mettre en quête de ceux qui parviennent à se créer ces mondes personnels foisonnants, en suivant «la voie de l’émerveillement». Un véritable voyage à la recherche d’un monde à inventer…

«Si nos rêves sont plus grands que nos chambres, où nous entrainent-ils ?». Cette phrase prononcée en début de documentaire pourrait être inscrite à son frontispice tant elle incarne tout ce que le long-métrage s’acharne à explorer. Et telle une Agnès Varda partant glaner ses images, Emmanuelle Antille va sillonner le globe pour tenter de pénétrer les infra-mondes d’illuminés – monomaniaques, fervents croyants, scientifiques ou irrationnels – pour ramener à son spectateur des parcelles de ces Paradis perdus auxquels ils auront le privilège de pouvoir glisser un bref coup d’œil.

Critique de «The Wonder Way», un documentaire lancé à la poursuite des rêves
«The Wonder Way» © Intermezzo Films SA

Placé sous le patronage théorique de Duchamp, Foucault ou encore de Deleuze, «The Wonder Way» fera communiquer ces artistes, leurs œuvres, leurs pensées, avec les images d’Emmanuelle Antille. Mixant archives, pures étincelles expérimentales ou plus communs reflets d’entretiens, elle construira son film en prenant constamment les chemins de traverse, se plaçant à revers des codes usuels du documentaire. Et d’intervenant en intervenant, elle saura creuser sa question et nourrir un discours de plus en plus fourni sur le rôle vital de l’art dans nos vies. Touchant autant à l’intime qu’à l’universel, la réalisatrice suisse signe ici une œuvre poétique, déroutante et prenante, qui parvient autant à nous questionner qu’à nous donner envie de creuser son propre infra-monde artistique. Un petit bijou !

5/5 ★

Au cinéma le 6 mars.

Plus d'informations sur «The Wonder Way»

Bande-annonce de «The Wonder Way»

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