News12. Juni 2024 Cineman Redaktion
Culture cinématographique : 25 ans de cinéma suisse!
Quelles tendances cinématographiques ont marquées les 25 dernières années? Quels films ont attiré le public Suisses dans les salles? Quelles perles du cinéma helvétiques ont acquis une renommée internationale? Pour fêter l’anniversaire de Cineman, votre portail cinéma préféré, jetons un œil sur l’évolution du 7ᵉ art de 1999 à nos jours.
(Un article d'Irene Genhart, adapté de l'allemand et complété par la rédaction Cineman)
Les Suisses dans les salles
Quels films ont particulièrement attiré les spectateurs et les spectactrices au cours des 25 dernières années? Procinema, l’Association Suisse des exploitants et distributeurs de films, collecte sur son site internet les informations nécessaires pour décortiquer avec curiosité les goûts cinématographiques helvétiques. Grâce à lui, nous pouvons ainsi découvrir le box office du pays. Et les dix plus gros succès dans les salles entre 1999 et 2024 sont:
- «Intouchables» (2011)
- «Skyfall» (2012)
- «Avatar» (2009)
- «Le monde de Némo» (2003)
- «L'Âge de glace 2» (2006)
- «L'Âge de glace: le temps des dinosaures» (2009)
- «Harry Potter à l'école des sorciers» (2001)
- «Avatar: La Voie de L'Eau» (2022)
- «Spectre» (2015)
- «Le Seigneur des anneaux: le retour du roi» (2003)
Naturellement, les grosses productions qui ont trouvé une importante résonance dans les médias attirent plus facilement les curieux. Sans surprise, le reste du classement continue principalement dans cette lignée, entre blockbusters d’action, de science-fiction ou encore d’animation. Du côté des succès plus récent, «Barbie», le carton de 2023, n’apparaît qu’en 22e position, alors qu’«Oppenheimer», le film événement de Christopher Nolan récompensé de sept Oscars, est relégué à la 56e place.
Les deux grosses surprises: la première place d’«Intouchables», réalisé par Éric Toledano et Olivier Nakache, et «Bienvenue chez les Ch’tis» (2008) de, et avec, Dany Boon qui se glisse en 19e position. Lorsqu'il s'agit de comédies, les spectateurs helvétiques ont manifestement un faible pour le charme et l'humour espiègle de leurs voisins de l'ouest.
Les films suisses les plus populaires...
Mais les Suisses ne s’intéressent pas seulement aux œuvres internationales. Au cinéma, les créations bien de chez nous trouvent un public enthousiaste. Ainsi, au cours des 25 dernières années, les dix productions domestiques ayant enregistré le plus d'entrées sont:
- «Les mamies ne font pas dans la dentelle» (2006)
- «Je m'appelle Eugen» (2006)
- «À vos marques, prêts, Charlie!» (2003)
- «Heidi» (2015)
- «Une cloche pour Ursli» (2015)
- «Grounding» (2006)
- «L'ordre divin» (2017)
- «Ciao-Ciao Bourbine» (2023)
- «Les enfants du Platzspitz» (2020)
- « Le merveilleux voyage de Wolkenbruch» (2018)
La différence de tailles entre nos régions linguistiques impacte en partie le classement, avec une prédominance évidente de productions suisses alémaniques en tête du classement. Du côté de la Suisse romande, sa première contribution, «Ma vie de Courgette» (2016) de Claude Barras, arrive en 23e position, alors que la première coproduction italophone, «Pane e tulipani» (2000) de Silvio Soldini, se place à la 13e place.
De plus, trois films pour enfants - «Je m'appelle Eugen», «Heidi» et «Une cloche pour Ursli» - trouvent leur place dans ce top 10 et prouvent que les plus petits, et leurs accompagnants, sont partie intégrante d’un public féru de cinéma. Parmi le reste de la liste, les comédies se font majoritaires.
... contre les meilleurs films suisses
Mais les films les plus acclamés par le grand public sont-ils les meilleurs? Si le succès est mesurable, la qualité est subjective, et les goûts de la population diffèrent de ceux des experts . Pour se rendre compte de cet écart, il suffit de comparer la liste du box-office avec celle des lauréat.es du «Quartz» du meilleur film aux Prix du cinéma suisse entre 1999 et 2024. Seulement trois de ces films – «Le Gardien c'est moi» de Sabine Bos, «Ma vie de Courgette» et «Je m'appelle Eugen» – apparaissent dans les deux sélections.
Créé en 1998, le Prix du cinéma suisse récompense chaque année la crème du paysage cinématographique national. Depuis 2009, les gagnant.es sont choisi.es par les membres de l’Académie du cinéma suisse. Sur les 25 dernières années, 11 réalisatrices, 1 personne non-binaire et 14 cinéastes masculins ont été récompensé.es. L’équilibre entre Suisse alémanique et le reste du pays reste également plutôt bien maintenu.
Parfois, une région linguistique domine majoritairement. En 2024, cinq productions romandes étaient sélectionnées dans la catégorie meilleur film - «Blackbird Blackbird Blackberry», «Bisons», «L’Amour du Monde», «La voie royale» et «Laissez-moi». La suisse alémanique, elle n’y apparaissait pas. Selon le magazine germanophone Tagesanzeiger, cette situation a conduit le réalisateur et producteur Michael Steiner à qualifier la sélection de «Prix Romandie» et à demander son abolition, avant de quitter l'Académie du cinéma en signe protestation.
Et l'Oscar est attribué... toujours pas à la Suisse
En 1999, le producteur de cinéma helvétique Arthur Cohn remportait l’Oscar du meilleur film documentaire grâce à la coproduction «One Day in September». Depuis, aucun long métrage Suisse n’a reçu la précieuse statuette. Seul le spécialiste des effets visuel Thabo Beeler s’est vu récompensé en 2019 par un «Academy Technical Achievement Award» pour son «Medusa Performance Capture System», développé avec Derek Bradley, Bernd Bickel et Markus Gross.
Mais cela n’empêche tout de même pas les productions suisses de toucher un public plus large grâce à une distribution internationale ou une projection dans des festivals de cinéma renommés. Le rapport annuel du site Swiss Films permet d'ailleurs d’avoir un aperçu de la place de nos films à l’étranger, ainsi que de leur présence sur les plateformes de streaming à travers l’Europe. Et parmi les films suisses ayant le plus brillé dans les festivals internationaux, nours retrouvons «L'Ordre Divin», «Pane e tulipani», le documentaire «More than Honey» de Markus Imhoof, «Ma vie de Courgette», ainsi que les longs métrages «Sister - l'enfant d'en haut» et «Home» d'Ursula Meier.
Festivals suisses
Aux côtés de ceux de Venise, Cannes, Karlovy Vary et Moscou, le Festival du film de Locarno, fondé en 1946, est l'un des plus anciens festivals de cinéma au monde. Connu pour ses projections en plein air - la Piazza Grande est le plus grand lieu de projection cinématographique extérieur de Suisse -, il est, encore aujourd'hui, le festival de cinéma le plus important du pays. Mais au cours des 25 dernières années, il a vu l’apparition de plusieurs nouveaux concurrents.
Sans aucun doute le plus grand d’entre eux, le Zurich Film Festival (ZFF) a été fondé en 2005 et ne cesse de grossir depuis. En 2018, il enregistrait pour la première fois plus de 100 000 visites. Après la Covid, il revient en force et attire 137 000 et 130 000 visiteurs, respectivement en 2022 et 2023. Créé en 2000, le Neuchâtel International Fantastic Film Festival (NIFFF) fait également partie des festivals les plus importants du pays. Enfin, trois festivals continuent de façonner le paysage cinématographique helvétique: depuis 1969, le festival de films documentaires Visions du Réel ; fondées en 1996, les Journées cinématographiques de Winterthour ; et, créées en 1966, les Journées de Soleure.
Le tournant numérique: le paysage cinématographique suisse en mutation
Mais les festivals de films et les cinémas ne sont pas les seuls à subir d’intenses mutations. De 1999 à 2023, le nombre d’établissements de cinéma a diminué, passant de 329 à 265. Pourtant, le nombre d'écrans (et donc de salles) est passé de 471 à 623. La cause? La disparition de petites salles de cinémas de quartier au profit de grands multiplexes.
De plus, la fréquentation des salles diminue doucement. Alors qu'en 1999, on enregistrait 15 427 961 entrées, le nombre est tombé à 10 881 937 en 2023. Un déclin qui s’explique en partie par l’essor des plateformes de streaming comme Netflix, Prime Video ou Apple TV+, ou encore par un prix d’entrée toujours plus important. Les établissements doivent alors se réinventer. Ainsi, pour rendre les séances plus attractives, elles peuvent s’accompagner d’une table ronde en présence de l’équipe du film, ou même être présentée dans un cadre thématique précis.
Qui pour sauver le cinéma (analogique) helvétique?
Si le tournant numérique a permis aux spectatrices et aux spectateurs de profiter d’innovations et d’améliorations, son essor a fortement impacté la conservation des documents audiovisuels. Les pellicules analogiques non transférées dans un format digital risquent alors de tomber dans l’oubli, et leur film de disparaître. Pour contrer cela, plusieurs initiatives et institutions sont passées à l’action.
La Cinémathèque suisse, fondée en 1948, s’est ainsi donné pour mission officielle de collecter, archiver, restaurer et présenter le patrimoine cinématographique suisse. L'association Memoriav, créée en 1995, se consacre à la préservation du patrimoine audiovisuel de toutes les régions du pays et propose, avec son portail en ligne Memobase, d’avoir accès à des éléments provenant de 133 institutions. De son côté, à l'initiative des Journées de Soleure, le projet Filmo, lancé il y a quelques années, sélectionne à l’aide d’experts des films qui sont ensuite mis sur des plateformes partenaires. Le cinéma suisse, présent ou passé, a de beaux jours devant lui!
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