Review11. Oktober 2018 Alexandre Janowiak
«Girl» - un premier long-métrage pétri de délicatesse, d’élégance et de sensibilité
Présenté dans la section Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes, «Girl» de Lukas Dhont a été l’une des œuvres les plus appréciés des critiques et du public sur la Croisette. Reparti avec une flopée de récompenses, le film est devenu, depuis, un des favoris à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère.
Lara, 15 ans, rêve de devenir danseuse étoile. Avec le soutien de son père, elle se lance à corps perdu dans cette quête d'absolu. Mais ce corps ne se plie pas si facilement à la discipline que lui impose Lara, car celle-ci est née garçon.
Le jeune réalisateur belge Lukas Dhont se questionnait déjà sur l’identité dans son court-métrage L’Infini et se consacrait à la danse dans son court-métrage Corps perdu. Avec Girl, le cinéaste allie ces deux thématiques pour offrir un premier long-métrage d’une grande sensibilité et d’une grande maîtrise artistique.
S’il n’est pas le premier à s’interroger sur la trans-identité au cinéma quelques années après Danish Girl ou Tangerine, Lukas Dhont se démarque sans doute grâce au naturel qu’il confère à son film dès ses premiers instants. Ainsi, l’ensemble de l’œuvre suivra sans interruption, l’évolution de Lara (née Victor) à travers ses yeux d’adolescente pleine de rêves et pleine de doutes également. Il ne sera pas question ici de critiquer son choix de vie et son envie de se débarrasser de son corps de garçon qui ne lui plaît pas.
Au contraire, elle bénéficie du soutien indéfectible de son père (superbe Arieh Worthalter), des médecins ou des professeurs. Tous conscients de la difficulté de la décision de vie de Lara, il sera surtout question d’amour et de bienveillance au cœur de Girl.
Un espoir incarné par le visage saisissant et envoûtant de Victor Polster.
Compliqué en effet de faire des choix d’une telle importance à l’adolescence. Cette époque de la vie où tout ce que l’on ne souhaite pas progresse à la vitesse de la lumière alors que tout ce que l’on espère au plus profond de soi semble piétiner plus que jamais.
A ce niveau, dans sa construction, Girl végétera quelque peu en milieu de récit notamment en ne réussissant pas à éviter quelques codes attendus du genre (les moqueries de ses camarades, les souffrances quotidiennes de Lara). Pourtant, le film parvient à les sublimer grâce à la mise en scène élégante de Lukas Dhont qui livrera un acte final terriblement angoissant mais plein d’espoir.
Un espoir incarné par le visage saisissant et envoûtant de Victor Polster, dont l’interprétation délicate et pleine de grâce charme instantanément en plus d’offrir une pureté indéniable à Girl.
En bref !
Girl est un premier long-métrage pétri de délicatesse, d’élégance et de sensibilité porté par la prestation magistrale de Victor Polster. En plus d’une jolie réflexion sur la trans-identité, Lukas Dhont offre en outre un beau film sur la danse et ses difficultés.
Note de la rédaction -> 4/5 ★
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