Article23. August 2023

Scandale à Cannes, ces 5 Palmes D’or ont défrayé la chronique

Scandale à Cannes, ces 5 Palmes D’or ont défrayé la chronique
© Xenix Filmdistribution GmbH

Machine à scandales chérie du cinéma international, sur la croisette, les controverses éclatent aussi vite que les reflets de sequins. Faute de goût ou jury visionnaire, ce sera à vous de vous faire votre propre avis en (re)visionnant ces quelques longs-métrages sélectionnés pour leur réception explosive.

(Un article de Kilian Kunker, publié initialement le 27 septembre 2022)

1 - La Dolce vita (1960)

Sifflé lors de sa première, Federico Fellini se fait cracher dessus et Marcello Mastroianni, l’acteur principal, insulter. Il faut dire que durant les presque trois heures que dure ce film à sketchs explorant la vie de différentes strates de la société italienne de l’après-guerre, Fellini n’est pas tendre. Suivant les pérégrinations de l’aspirant journaliste Marcello Rubini (Marcello Mastroianni), on y découvre un microcosme oisif, débauché, avide de sensation, voyeur…

Bref, une multiplication de culs-de-sac pour le héros qui finira bien seul, un destin d’ailleurs récurrent des personnages du grand réalisateur italien. En somme, «La dolce vita» est un chef-d’œuvre qui met en place toute la grammaire qui fera le cinéma de Fellini dans le futur, méritant très largement sa Palme d’or.

2 - Sous le soleil de Satan (1987)

«Si vous ne m’aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus», scande Pialat, le poing levé, en enlevant la Palme d’or adressée au film «Sous le soleil de Satan» des mains d’un Yves Montant visiblement tendu par les huées du public. Adaptation d’un livre éponyme de George Bernanos, on y rencontre l’abbé Donissant (Gérard Depardieu) perturbé dans sa foi et Mouchette (Sandrine Bonnaire), une jeune femme de seize ans, qui croisera la route de l’homme d’Église.

Décision unanime courageuse d’un jury allant contre l’attente générale qui voyait «Les Ailes du désir» de Wim Wenders couronné de la plus haute récompense cannoise. Un choix argumenté par la suite par Montant lui-même, motivant ce verdict ferme par le fait que Pialat mettait, selon lui, «le cinéma sur un autre niveau, à un autre étage».

3 - «La Vie d’Adèle» (2013)

Faisant sans surprise bondir la droite réactionnaire, le nouveau film d’Abdellatif Kechiche figurant le couple Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos se voit couronné de la Palme d’or. Mais boudé par les Césars 2014, égratigné par une bonne partie de l’équipe technique, plombé par la gêne des deux actrices principales face aux récurrentes scènes de sexe, lâché par Jul'Maroh auteur de la BD de laquelle est adapté «La Vie d’Adèle», Abdellatif Kechiche se retrouve isolé après la réception de l’ultime récompense cannoise. Tant et si bien qu’il affirmera à Télérama que son film ne devrait pas sortir, tant il a été trainé dans la boue. Pourtant, le public répond présent puisqu’en France, il sera vu plus d’un million de fois à sa sortie et placé, par la BBC, dans la liste des cent plus grands films du vingt-et-unième siècle.

4 - «Titane» (2021)

Secouant la Croisette et ses spectateurs visiblement guère habitués de productions horrifiques, «Titane» de la Française Julia Ducournau n’a pas fait l’unanimité. Malaises, intervention des pompiers, départ en grappes de spectateurs visiblement énervés, le Palais des Festivals se souviendra longtemps de cette projection.

Narrant l’histoire d’un père (Vincent Lindon) amputé de son enfant, mais le retrouvant quelques dix ans plus tard, «Titane» ne lésine en effet pas sur les effets gore. Ducournau ne cache d’ailleurs pas sa plus grande influence pour son second long-métrage : le sulfureux «Crash» de David Cronenberg. Et malgré ce côté trash, c’est pourtant bien «Titane» qui va remporter de la part du jury présidé par Spike Lee le plus prestigieux prix cannois. Rappelons que Ducournau devient ainsi la seconde femme seulement à le recevoir, après Jane Campion et son film «La Leçon de Piano».

5 - «Sans filtre» (2022)

Après avoir décroché la Palme d’Or en 2017 avec «The Square», le cinéaste suédois remportait en 2022 une nouvelle fois la plus prestigieuse des récompenses à Cannes avec «Sans filtre» (ou «Triangle of Sadness» en VO). Le cinéaste rejoignait, au passage, le club des doubles palmés à Cannes aux côtés de Ken Loach, des frères Dardenne ou encore de Michael Haneke.

Dans ce film, il y raconte l’histoire abrupte et épileptique de Yaya (feu Charlbi Dean), une mannequin et influenceuse de renom qui embarque sur une luxueuse croisière tous frais payés avec un certain Carl (Harris Dickinson), lui aussi mannequin. À bord, ils découvrent un capitaine alcoolique (incarné par Woody Harrelson), les élucubrations d’un communiste richissime (Zlatko Burić) qui «vend de la merde», et un couple de marchands d’armes. Leur périple sera acide et satirique. Ruben Östlund ne rate jamais sa cible et mitraille sans gêne. Entre l’hilarité et la consternation, il n’y a qu’un pas !

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