Article5. Juli 2023

L'horreur du traumatisme : 5 raisons de se plonger dans «Run Rabbit Run» sur Netflix

L'horreur du traumatisme : 5 raisons de se plonger dans «Run Rabbit Run» sur Netflix
© Sarah Enticknap/Netflix

La star de «Succession» se révèle crépusculaire dans le rôle d’une mère instable et hantée par les secrets de famille. On décrypte «Run Rabbit Run», le nouveau film qui cartonne sur Netflix.

(Article traduit de l'allemand)

Inspirée d’une véritable histoire qui se serait déroulée en Écosse, l’écrivaine australienne Hannah Kent signe son premier scénario. «Run Rabbit Run» suit le personnage de Sarah (incarnée par Sarah Snook) alors que sa fille Mia (Lily LaTorre) commence à faire preuve d’un comportement étrange. La jeune fille prétend en effet être Alice, la sœur disparue de sa mère. S’entame alors pour Sarah un douloureux voyage psychologique tapis dans l’ombre de ses souvenirs.

1 - Un thriller psychologique au maillage étouffant

© 2023 Netflix, Inc.

«Run Rabbit Run» développe astucieusement son intrigue autour de la jeune Mia, avant de se resserrer sur Sarah. Bientôt, les frontières entre vécu et imaginaire s'effritent et le suspense s’accentue à mesure que la fiabilité de la narration est remise en question. Une histoire familiale malsaine se dévoile et consume à feu doux la stabilité mentale de son personnage. Gare aux jumpscares ! Si quelques séquences bien ficelées laisseraient à penser que «Run Rabbit Run» penche du côté horrifique, cette production australienne de Netflix reste avant tout un admirable thriller psychologique.

2 - Sarah Snook ou la profondeur des émotions

© Sarah Enticknap/Netflix

Si le rôle était initialement prévu pour Elisabeth Moss, l’interprétation percutante de Sarah Snook témoigne ici de l’effondrement des murs de sa réalité. Le visage éreinté, abattue, après avoir incarné Shiv roy dans la série culte «Succession», dans la peau de cette mère aimante et hantée, Sarah Snook exploite un registre inattendu et déploie une performance tout bonnement impressionnante.

Les rôles appartiennent à ceux qui les interprètent. À ce jeu, l’actrice qui sera bientôt à découvrir à l’affiche de «The Beanie Bubble» pour Apple TV+, travaille une autre complexité, et une subtile palette émotionnelle que capte en gros plans la réalisatrice Daina Reid («The Handmaid's Tale» et «Shining Girls»).

3 - Les enfants horrifiques : frissons garantis

© Sarah Enticknap/Netflix

Qu'il s'agisse des enfants extraterrestres du «Village des damnés» (1995), du jeune sataniste Damien dans «La Malédiction» (1976), ou des inquiétantes jumelles de «Shining» (1980), dans l’histoire du cinéma d’horreur, la présence d’enfants à l’écran a souvent été synonyme d’une bonne dose d’effroi.

Si dans son rôle de Mia, Lily LaTorre apporte une mignonnerie adéquate et réussie à faire oublier les bizarreries qui l’entourent. L’effrayant masque de lapin qu’elle arbore et les innombrables jumpscares provoqués par ses apparitions en chemise de nuit blanche dans les couloirs sombres déploient alors pleinement leur venin horrifique. Et, à sa manière, «Run Rabbit Run» puise à son tour dans la boite à malices de ce strident héritage.

4 - Traumatisme intergénérationnel : telle mère, telle fille

© Sarah Enticknap/Netflix

Mais «Run Rabbit Run» ne se limite pas à l'horreur et à l'épouvante. Bien au contraire, le long-métrage parle aussi, à un niveau plus fondamental, d'expériences traumatisantes, de familles brisées et de la gestion de ce passé bien souvent douloureux. Des maux enfouis, indicibles parfois, dont soufre ouvertement Sarah et qui hantent aujourd’hui la jeune Mia. Et une question de rester en suspens : la jeune fille est-elle victime de possession fantomatique ou la victime impuissante des angoisses de sa mère ?

Pire que ces scènes effrayantes et ces moments de tensions, ce sont les situations dans lesquelles on se rend compte que Sarah est dépassée par la situation. Ces moments cruciaux où, submergée par sa peur, elle tente alors de faire face à son passé, se blesse et blesse les autres. Les interprétations iront bon train, mais la véritable horreur réside dans cette aliénation familiale, le deuil et les plaies béantes, à jamais irrésolues.

5 - Lieux des souvenirs : les paysages sauvages de l'Australie

© Sarah Enticknap/Netflix

Un cube de verre, moderne, qui laisserait supposer l’ouverture et la transparence, mais il n’en est rien. Paradoxe d’un monde qui n’est fait que de secrets et de dissimulation, la maison de Sarah en dit déjà bien long. Une architecture qui se mêle aussi à l’horreur alors que l’ouverture permet au personnage de Lily LaTorre d’épier sa mère en permanence et empêche cette dernière d’avoir une quelconque intimité.

Une maison singulière qui ne pourrait pas mieux contraster avec la maison des parents de Sarah dans laquelle l’action se déroulera plus tard. À l'extérieur, des falaises abruptes, des rives marécageuses et des arbres à moitié immergés confèrent à l’Outback Australien son lot de chimères et d’étranges. Recueil de ces jours passés, datés, le temps s’y est presque arrêté, peut-être pour mieux conserver les souvenirs de cette famille qui n’existe plus.

À découvrir sur Netflix depuis le 28 juin 2023

Bande-annonce de «Run Rabbit Run»

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