Interview5. Februar 2024 Cineman Redaktion
Mélanie Thierry sur «Captives» : «Mon métier ne se répète jamais»
Mélanie Thierry est à l’affiche de «Captives», un drame d’Arnaud des Pallières qui se déroule à l’hôpital de la Salpêtrière, en 1894. Nous avons rencontré la comédienne à Paris.
(Propos recueillis et mis en forme par Marine Guillain.)
Alors que le public a pu retrouver Mélanie Thierry dans «Soudain seuls», un thriller de Thomas Bidegain où elle partage l’affiche avec Gilles Lellouche, sorti en décembre 2023, l’actrice est déjà de retour et de presque tous les plans dans «Captives», en salle dès le 7 février 2024. Le film avait été présenté en première suisse au GIFF, en novembre dernier. Quelques jours après, nous avions rencontré Mélanie Thierry dans un café parisien, afin de faire un point sur son actualité et un retour sur sa carrière.
Dans «Captives», la comédienne française joue Fanni, une femme qui entre de son plein gré à la Salpêtrière pour y chercher sa mère. Elle découvre alors la réalité dramatique de l’asile, tout en nouant des liens forts et inattendus avec les autres femmes. Au casting, où les hommes sont absents, elle est entourée de Josiane Balasko, Carole Bouquet, Yolande Moreau ou encore Marina Foïs.
«Ce sont des actrices que j'aime et que j'admire», assure Mélanie Thierry. «Quant aux autres femmes, elles étaient en situation de handicap, afin de donner plus de vérité à l'esprit de la Salpêtrière en psychiatrie. Elles étaient vulnérables, il fallait être attentives à elles et on faisait toutes très attention les unes aux autres. Avec courage, Arnaud des Pallières s’est attaché au destin de chaque femme pour raconter un monde excessivement brutal, où l’on ne laisse aucune chance d'exister à celles qui marchent à contre-courant.»
La comédienne française avoue avoir été intimidée par le réalisateur, qui faisait des dizaines de prises de chaque scène pour être sûr d’avoir la bonne. Elle évoque alors Emmanuel Finkiel, avec qui elle a tourné «La Douleur» (huit nominations aux César) ainsi que «La Chambre de Mariana», adaptation du roman d'Aharon Appelfeld qui doit sortir courant 2024. Les deux cinéastes ont pour point commun de venir du milieu du documentaire.
«Arnaud et Emmanuel sont les seuls à m'avoir filmée sans maquillage, sans artifices. Ce sont les deux metteurs en scène avec lesquels j'ai préféré travailler, je trouve leur manière d'observer le monde très belle.»
Récemment, l’actrice auréolée du César du meilleur espoir féminin en 2010 pour son rôle dans «Le Dernier pour la route», de Philippe Godeau, était aussi à l’affiche de «Soudain seuls», un survival dans lequel la comédienne et Gilles Lellouche incarnent un couple d’aventuriers piégés sur une île hostile de Patagonie. Le tournage s’est en réalité déroulé en Islande, une île «éblouissante et magique» selon l’actrice, mais où il a fallu subir le froid, le vent et la pluie, puisque toutes les scènes ont été tournées en extérieur, à l’automne 2022.
«Nous avons tourné une seule scène en Bretagne, celle où nous luttons dans l’eau, car la température de la mer est moins froide en décembre à Brest qu'en Islande. Personnellement, j'ai peur quand je n'ai pas pied et je déteste mettre la tête sous l'eau, donc c’était éprouvant. Mais nous étions bien encadrés, avec des pompiers et des plongeurs, alors au final, c'était supportable, c'est même assez rigolo comme journée...»
Ces dernières années, la comédienne a pris part à des projets aussi variés que la série «En thérapie» d’Olivier Nakache et d’Éric Toledano (2021), le bouleversant drame «La Vraie famille» de Fabien Gorgeart (2022), «Da 5 Bloods» de Spike Lee, ou encore «Le Vent tourne» de Bettina Oberli, tourné dans le Jura suisse ( 2017). Cela près de vingt ans après sa première apparition au cinéma en 1998, alors qu’elle n’avait que 16 ans, dans «La Légende du pianiste sur l’océan», de Giuseppe Tornatore.
«C’est un petit rôle, je n’avais que quelques courtes scènes, pourtant je suis restée deux mois en Ukraine. C’était la première fois que je sortais de France pour un tournage et j’ai été frappée par cette grosse machine avec ces hangars immenses, tous ces costumes, et les centaines de personnes qui travaillaient là comme dans une fourmilière… J’étais une petite fille ignorante projetée dans un monde de grands. À la fois, c'était éblouissant et à la fois, je n’avais rien à faire là.»
Cette année, on retrouvera encore Mélanie Thierry dans la deuxième saison de la série «No Man’s Land», où elle partage l’affiche avec l’actrice genevoise Souheila Yacoub. «Je trouve mon métier passionnant, car il ne se répète jamais», lance la comédienne, qui avoue n’avoir jamais vu certains films dans lesquels elle a tourné. «Même si je me connais mieux avec le temps, chaque tournage est différent, et j'ai à chaque fois l'impression d’être une débutante.»
Bande-annonce de «Captives»
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