Review4. September 2023
Mostra 2023 : «Maestro», quelques fausses notes pour Bradley Cooper
Après le succès de son «A Star is Born» (2018), l’acteur Bradley Cooper passe une seconde fois derrière la caméra pour porter à l’écran la vie de couple du compositeur américain Leonard Bernstein, en compétition à la Mostra de Venise.
(Une critique de Damien Brodard, depuis la Mostra de Venise)
Une évocation de la vie commune du compositeur américain Leonard Bernstein (Bradley Cooper) et de l’actrice Felicia Montealegre (Carey Mulligan). Entre direction d’orchestre et tromperies, amour tendre et déchirements, le couple tente de se maintenir durant une trentaine d’années.
En jeune réalisateur prometteur, Bradley Cooper s’attaque au genre du biopic, l’un des grands classiques de Hollywood. Si dans un premier temps, l’évocation de la vie du compositeur d’œuvres comme «West Side Story» (1961) ou «Sur les quais» (1954) débute comme n’importe quel film de ce type, il apparaît très vite que Cooper souhaite en réalité se concentrer sur le couple de l’artiste. Il s’agit là d’une approche plus originale qu’à l’accoutumée, permettant de se focaliser sur la relation tumultueuse des deux amants, mais qui laisse de côté, de manière plutôt étonnante, le travail de Bernstein.
En outre, l’acteur et réalisateur fait le choix de la sobriété pour mettre en images la vie du compositeur. Hormis quelques envolées inspirées des comédies musicales, la mise en scène reste globalement très sage et conventionnelle, préférant de longs plans fixes afin de laisser s’exprimer les deux interprètes principaux, plutôt que des mouvements de caméra grandiloquents. Sans être mal exécuté pour autant, il en ressort toutefois un académisme lassant et relativement peu inspiré qui peine à pleinement enivrer le public.
Le duo principal s’en tire avec les honneurs. Bradley Cooper ne force pas la performance dans sa métamorphose en Bernstein soutenue par un formidable maquillage pour les effets de vieillissement, sans pour autant livrer une prestation inoubliable. Il en va de même pour Carey Mulligan qui propose une interprétation délicate, percutante dans les moments d’émotions, mais finalement trop en retrait par rapport à son compagnon de jeu.
Tous deux portent cependant admirablement la relation complexe et bien écrite de ce couple qui se délite, notamment en raison des penchants homosexuels du compositeur, tout en s’aimant tendrement quoi qu’il en soit. De la musique de Bernstein parsemée au fil du long-métrage à la photographie s’adaptant aux différentes époques, il est évident que le film a été préparé avec soin, pourtant quelque chose sonne faux. Il manque malheureusement à ce «Maestro» un brin d’énergie, un petit coup d’éclat pour l’extirper de sa monotonie et en faire une œuvre véritablement mémorable.
3/5 ★
À découvrir le 20 décembre sur Netflix.
Bande-annonce «Maestro»
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