Review7. September 2023

Mostra 2023 : «Ferrari», retour en piste gagnant pour Michael Mann ?

Mostra 2023 : «Ferrari», retour en piste gagnant pour Michael Mann ?
© La Biennale di Venezia

De retour au cinéma après une dizaine d’années d’absence, le réalisateur Michael Mann présente enfin à la Mostra de Venise son projet de longue date relatant l’été 1957 d’Enzo Ferrari, le célèbre concepteur automobile.

(Critique de Damien Brodard, depuis la Mostra de Venise)

Enzo Ferrari (Adam Driver) est menacé par la faillite de son entreprise alors qu’il doit gérer sa vie de couple chaotique. Entre les querelles fréquentes avec son épouse Laura (Penélope Cruz) et les visites ponctuelles à son amante Lina Lardi (Shailene Woodley), Ferrari tente de faire perdurer son empire en faisant participer son équipe à la Mille Miglia.

Le réalisateur Michael Mann n’était pas revenu dans les salles obscures depuis l’accueil glacial de son thriller «Hacker» (2015). En revenant à 80 ans avec un biopic mêlant intrigue de couple, enjeux industriels et courses automobile, ce dernier rappelle avec panache son statut d’artiste talentueux, sans toutefois atteindre le niveau de ses grandes œuvres. Outre quelques belles idées visuelles, comme l’utilisation de travellings compensés reflétant la vitesse, la mise en scène de Mann peine malheureusement à décoller, bien que son classicisme maîtrisé ne soit en aucun cas rédhibitoire.

Le montage savamment étudié injecte également une bonne dose d’adrénaline...– Damien Brodard

C’est en revanche plutôt du côté du montage que le film se distingue. Grâce à la mise en relation des problèmes personnels de Ferrari avec des enjeux à l’échelle industrielle, le découpage insuffle une amplitude opportune aux choix ainsi qu’au parcours du protagoniste. Cela va sans dire, le montage savamment étudié injecte également une bonne dose d’adrénaline lors des courses qui, sous le grondement fracassant des moteurs et le crissement des pneus, en deviennent furieusement impressionnantes.

Qui dit biopic, dit bien souvent des interprétations devant paraître sensationnelles et mémorables à tout prix. Ici, exit les accents exagérés et les prestations grandiloquentes de «House of Gucci» (2021). Dans le rôle-titre, Adam Driver livre une performance solide et bien plus sobre qu’à l’accoutumée pour incarner cet ex-pilote implacable et stoïque – peut-être même au point de lasser. L’acteur américain peut toutefois compter sur la toujours impeccable Penélope Cruz pour lui donner la réplique. Pétrie d’une énergie et d’un répondant pugnace, cette dernière ne laisse cependant que peu de place à Shailene Woodley pour briller dans un rôle trop en retrait pour être véritablement notable.

Au fond, le long métrage est parsemé de petits points d’ombres qui, une fois réunis, en viennent à porter préjudice à ce Ferrari. On peut citer les effets numériques plutôt ratés bien que peu nombreux, la représentation étonnamment risible de la plupart des accidents ou encore l’intrigue qui peine parfois à captiver malgré une écriture réussie dans l’ensemble. Après tant d’années loin des salles obscures, on espérait un retour en piste tonitruant : ce n’est pas le cas, mais au vu de ses qualités indéniables, ce douzième film de Mann mérite clairement le coup d’œil.

3,5/5 ★

Le 3 janvier 2024 au cinéma

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