Review14. Mai 2021 Sven Papaux
Netflix: «La Femme à la fenêtre» - Voyeurisme et enfermement mental pour Amy Adams
Joe Wright («Les Heures Sombres», «Reviens-moi») à la manœuvre d’un thriller hitchcockien, passé par tous les états d’âme: des reshoots, une pandémie qu’on connaît tous et des projections test peu concluantes. En ce 14 mai, il est l’heure de juger de «La Femme à la fenêtre», enfin disponible sur la plateforme Netflix.
Anna Fox (Amy Adams) est une psychologue agoraphobe refusant de mettre un pied dans la rue. Après 10 mois enfermée à regarder ses voisins évoluer à travers sa fenêtre, elle est devenue maître en espionnage. L’œil de Moscou va devenir témoin d’une agression brutale depuis sa fenêtre: celle de Jane Russell, une nouvelle voisine débarquée avec sa famille dans le quartier. Anna mixe médocs et vin à la pelle, troublant son esprit et sa réalité avec. Lovée dans sa solitude, son isolement pousse les enquêteurs à remettre en cause ce qu’elle a vu.
Les hallucinations et l’isolement ont-ils fait perdre la tête à Anna? Le ressort principal du métrage pour tenir le spectateur en haleine et lui faire avaler différents chemins de traverse pour cerner l’esprit malade de la psy. Joe Wright s’empare du roman éponyme d’A.J Finn, alias Daniel Mallory, en rappelant la trame empruntée à Hitchcock: des bribes de «Fenêtre sur cour» sur un écran de télé ou un autre extrait de «La Maison du docteur Edwardes». Les références sont bien visibles, comme l’idée de Wright de réaliser un véritable thriller à la Hitchcock. Climat anxiogène et tension au menu, l’atmosphère s’alourdit plus Anna se perd dans la pénombre, cachant de nombreuses failles psychologiques - bien plus que ses troubles d’anxiété. L’objectif ne quittant jamais Amy Adams et son jeu toujours impeccable, «La Femme à la fenêtre» avance dans la vérité opaque qui nous projette dans sa tête, dans cette torture perpétuelle à dénouer le nœud de la vérité.
La performance d’Amy Adams n’est pas anodine, tout comme ces courtes, mais intenses apparitions de Gary Oldman...
Si les projections test ont peu convaincu, le retour en salle de montage - presque 2 ans de post-production - a permis au film de tenir une belle cadence, tendue sur 1h41. La performance d’Amy Adams n’est pas anodine, tout comme ces courtes, mais intenses apparitions de Gary Oldman. La pellicule profite également d’une esthétique qui accentue cette sensation de persévérer dans le noir émotionnel. Joe Wright mise sur ce regard (celui d’Anna) unique dans le récit, ne cherchant jamais à basculer vers un autre protagoniste. Les personnages entrent et sortent, dessinent le portrait d’une femme qu’on pense malade et trop portée sur son cocktail explosif de vinasse et de médocs. Un choix judicieux qui n’efface pas totalement l’ardoise de choix douteux: un manque de panache lié à des choix artistiques peu risqués dans les moments cruciaux ou encore cette musique mollassonne de Danny Elfman.
Des réminiscences de «La Fille du Train» de Tate Taylor nous reviennent - une œuvre avec un vrai potentiel et malheureusement gâchée au final. Toujours est-il que «The Woman in the Window» aurait pu être une sacrée tranche, un film qui vous colle à votre siège. Mais Joe Wright a failli à sa tache. Le final qu’on peut qualifier de raté ajoute une dose négative au résultat d’ensemble, mais n’exclut pas les qualités certaines du métrage. Un thriller paranoïaque qui nous permet une petite montée cardiaque par-ci, par-là, tentant de masquer sa production chaotique. Disons que le naufrage n’a pas eu lieu.
3/5 ★
«La Femme à la fenêtre» est à découvrir dès maintenant sur Netflix.
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