News12. Juli 2024 Cineman Redaktion
NIFFF 2024: «Oddity», la maison, la médium et le Golem
Le réalisateur irlandais Damien Mc Carthy prouve, dans son deuxième long-métrage, sa maîtrise du suspense. Présenté en compétition officielle au NIFFF, «Oddity» instille une ambiance de terreur et de surnaturel loin du tout-venant du cinéma d’horreur. Un statut de film culte en perspective ?
(Une critique d'Eleo Billet depuis le NIFFF 2024)
Ted (Gwilym Lee) et Dani (Carolyn Bracken) filent le parfait amour en rénovant leur grande maison isolée. Mais, un soir, la jeune femme est assassinée. Pour la police, le coupable est un ancien patient de l'hôpital psy où travaille Ted. Pourtant, Darcy, la jumelle de Dani, refuse d'accepter la thèse officielle et soupçonne un autre auteur. À l’anniversaire de la mort de sa sœur, elle s'invite dans la maison de Ted et de sa nouvelle compagne avec un étrange cadeau: une terrifiante statue de bois.
Une femme, la nuit, hésite à ouvrir sa porte à un inconnu qui la prévient qu'un homme est entré chez elle. Qui l’a finalement tuée? Cette question hante Darcy, sœur de Dani. Médium autoproclamée, elle interroge des objets grâce à ses dons pour de donner un sens au drame et finit par se rendre à la maison de sa sœur pour tenter de faire parler les murs. Habituellement retranchée dans son cabinet de curiosités, la jeune femme jure avec la ferme en rénovation de Ted, dès lors qu’elle y pénètre. Ici, Damian Mc Carthy reprend le décor emblématique de son précédent film, «Caveat» (2020), et fait de la bâtisse isolée de tout et de tous.tes, un personnage à part entière, qui compte autant de détours et surprises que le scénario.
Partant de Chucky et du folklore juif pour concevoir sa créature, Damian Mc Carthy propose une nouvelle figure d’épouvante, aussi terrifiante que celle qui a pourfendu Dani. Les thèmes du deuil, du féminicide et de la vengeance sororale sont déployés avec suffisamment de subtilité pour que les scènes de violence soient davantage poignantes et cruelles que vulgaires. «Oddity» place ainsi plusieurs fois ses personnages dans des situations dans lesquelles la peur naît de la connaissance du drame imminent et s’aide, pour cela, des éléments clés qu’il a précédemment dispersés.
«Oddity» joue suffisamment des codes des maisons hantées pour réussir à créer une mise efficace, malgré sa simplicité. On apprécie même de trouver un discours critique des hôpitaux psychiatriques et de la stigmatisation des troubles psychiques. Enfin, la double performance de Carolyn Bracken élève ce trésor d’inventivité qui saura ravir le public.
4/5 ★
Plus d'informations sur «Oddity»
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