Article16. Juni 2023 Maria Engler
Peintures ou prises de vues réelles ? 7 chefs-d'œuvre de l’animation pour le pur plaisir des yeux
Dans le monde du cinéma, et en particulier en animation, l’imagination est infinie. Un genre aussi éclectique que la conception, parfois singulière, de ces chefs-d'œuvre. Voici 7 films d’animation à redécouvrir sans plus attendre.
«A Scanner Darkly» (2006)
Chevauchement entre réalité et animation
Dans un futur proche aux États-Unis, la drogue a envahi la société. Pour tenter de contrecarrer la situation, le gouvernement scrute attentivement la population. L’agent Fred (Keanu Reeves), lui-même dépendant, travaille sous couverture dans le milieu des stupéfiants. Et grâce à une combinaison spéciale, il peut changer d’apparence. Mais alors qu’il enquête, il se retrouve à suivre sa propre trace.
Dans cette adaptation du roman éponyme du géant de la science-fiction Philip K. Dick (livre sorti sous le titre «Substance Mort» en français), le réalisateur Richard Linklater tourne l’intégralité du film en prises de vue réelles et le retravaille ensuite en animation par rotoscopie, une technique qui consiste à redessiner les contours d’images filmées. Un procédé appliqué ici pour la première fois numériquement à l’ensemble du film. Et il ne fallut pas moins de 18 mois pour finaliser le projet. Le résultat est un mélange de réalité et d’animation pour une esthétique unique.
Disponible en VOD
«Le Conte de la princesse Kaguya» (2013)
Un anime esquissé
Un jour, dans une forêt de bambous, un bucheron trouve Kaguya, une minuscule petite fille. Percevant la découverte comme un signe divin, il la ramène chez lui et l’élève avec sa femme. Après avoir découvert un trésor, il décide alors de faire de l’enfant une véritable princesse, contre la volonté de celle-ci.
Si «Le Conte de la princesse Kaguya» est produit par le studio Ghibli, le cinéaste japonais Isao Takahata propose un univers visuel nouveau et se démarque des réalisations précédentes. Les dessins, habituellement parfaitement travaillés («Le Voyage de Chihiro», «Nausicaa et la vallée du vent»), laissent place à un style esquissé et épuré. Les traits, parfois griffonnés, illustrent, avec créativité, la moindre émotion des personnages. «Le Conte de la princesse Kaguya» prouve bien qu’il suffit parfois de peu pour communiquer beaucoup.
Disponible sur Netflix
«La passion Van Goght» (2017)
Des tableaux remplis de vie
Un an après la mort de Vincent Van Gogh, Armand Roulin (Douglas Booth) est chargé par son père de remettre à Théodore, le frère de l’artiste, l’ultime lettre du défunt. Mais Théo meurt avant de recevoir son dû. Cette mort, suspecte selon Armand, et l’étrange comportement des personnes qu’il interroge sur le sujet, le poussent à s’installer dans la chambre de pension qui servit de dernière demeure au peintre. Avec l'aide de l'aubergiste Adeline Ravoux (Eleanor Tomlinson), le détective amateur se met à la recherche d'indices.
«Loving Vincent» utilise une technique d'animation des plus élaborées. En effet, tous les plans du film ont été réalisés à la main sous forme de peinture à l'huile. Trente peintres ont ainsi participé à ce processus, qui a donné naissance à plus de 55 000 tableaux. La narration et l'esthétique se marient à merveille, et l'histoire prend vie dans le propre style artistique du peintre - un style unique en son genre !
Disponible sur Sky Show
«Le Secret de Kells» (2009)
Un livre d'images riche en détails
L'Irlande au 8e siècle. Brendan vit dans un monastère de Kells dirigé par son oncle, l’abbé Cellach. Par peur des invasions Vikings, ce dernier érige un gigantesque mur autour du bâtiment et interdit à l’enfant de quitter les lieux. Mais un jour, Brendan enfreint les règles et entre dans la forêt à la recherche d’une plante rare. Car celle-ci pourrait l’aider à fabriquer une encre spéciale pour les enluminures du livre qu’il veut créer. En chemin, il fait la connaissance d'un esprit de la forêt, et ensemble, ils devront surmonter toutes sortes d'obstacles pour fabriquer le plus beau des livres.
«Le Secret de Kells» convainc par ses dessins et ses compositions qui s'inspirent de l'art de l'enluminure. Le style unique du film n'est pas juste agréable à regarder, il surprend aussi régulièrement par des détails en référence à la mythologie celtique. L’ensemble des réalisations de Tomm Moore, avec notamment «Le Chant de la mer» et «Le Peuple Loup», mérite d’être visionné pour son style particulièrement intéressant.
Disponible sur Mubi
«Animatrix» (2003)
Neuf courts métrages, neuf styles - une matrice
«Animatrix» plonge dans l’univers de «Matrix» pour raconter neuf histoires dans un mélange de formats diversifiés. Dans les courts-métrages, il est question d'un équipage de bateau en possession d’un important message, de l'origine de la guerre entre hommes et machines et du destin individuel de personnes à l'intérieur et à l'extérieur de la matrice.
Dans le long-métrage «Matrix» de 1999, nombreux sont les parallèles visuels avec l'anime, et les sœurs Wachowski ont souvent cité la culture cinématographique japonaise, et plus particulièrement les animes, comme source d'inspiration. Dans «Animatrix», des artistes d'animation japonais donnent vie à des histoires de l’univers «Matrix». Les différents styles et ambiances des courts-métrages créent un feu d'artifice visuel non seulement varié, mais aussi captivant.
Disponible en VOD
«La Planète sauvage» (1973)
Des mondes surréalistes
Dans le monde d'Ygam, il y a les dirigeants et les esclaves. Pour les Draag géants, les Om, créatures anthropomorphes, sont comme des animaux domestiques. Un jour, un Om nommé Terr parvient à s'échapper et apporte avec lui un étrange appareil qui apporte la connaissance. Rapidement, il prend conscience du pouvoir du savoir et commence à élaborer un plan pour se soulever contre ses oppresseurs.
Coproduction franco-tchécoslovaque sous l’égide de René Laloux et du dessinateur Roland Topor, les dessins de «La Planète sauvage» ont été réalisés à Prague. Un style reconnaissable, caractéristique des années 1970 et 1980 et des films d'animation venus d’Europe de l'Est ou de Russie. Les dessins de Roland Topor, au parfum de surréalisme, sont animés de façon un peu raide et saccadée, ce qui les rend d'autant plus captivants et déconcertants.
Disponible sur Mubi
«Paprika» (2006)
Mélange entre le temps et l'espace
Trois scientifiques de la Foundation for Psychiatric Research perdent leur invention la plus importante, la D.C. Mini, qui permet aux gens d'enregistrer et de regarder les rêves de leurs patients. Le voleur se sert de la machine pour distraire ses victimes et s’introduire dans leur esprit. La scientifique Atsuko Chiba, sous la peau de son alter-ego Paprika, est prête à tout pour mettre le criminel hors d'état de nuire. Mais la frontière entre réalité et rêves s’affine de plus en plus.
Chaque film du réalisateur japonais Satoshi Kon est unique, et le plus innovant d'entre eux est sans doute «Paprika». Bien que le style du film suive clairement les règles de l'anime, il démontre clairement que l’animation ne connait aucune limite de l’imagination. Tout est permis : des sauts entre le temps et l'espace, entre les corps et les mondes, des rêves délirants. Un véritable chef-d'œuvre.
Disponible en VOD
(Traduit de l'allemand)
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