Article11. Juli 2022 Maxime Maynard
Excentrique, sincère : comprendre Taika Waititi en 5 films
Enfant de Nouvelle-Zélande, fils d’un père Maori et d’une mère juive, Taika Waititi est un artiste complet du cinéma, aussi à l’aise derrière que devant la caméra et au talent adulé par la critique. Alors à l’occasion de la sortie cette semaine de «Thor: Love and Thunder», nous vous proposons en cinq films de revenir sur la vie d’un cinéaste singulier.
5 - Boy (2010)
Dans les années 80, Boy (James Rolleston) est un garçon Maori élevé par sa grand-mère avec son frère et ses cousins. Le retour de son père (Taika Waititi lui-même), qu’il idéalise, après des années d'absence, le forcera à se confronter à la réalité. Dans sa construction, «Boy» est l’exemple idéal du style «Taika Waititi» : un subtil et judicieux mélange de comédie et de drame, écho parfait des émotions humaines. Mais, surtout, il émane du long-métrage une inspiration très personnelle.
Ainsi, le film est tourné à Waihau Bay, en Nouvelle-Zélande, où le réalisateur a passé une partie de sa vie. Né d’un père Maori, l’identité polynésienne imprègne ses œuvres. Grand supporteur des voix indigènes des quatre coins du monde, il a ainsi aidé à la création de la géniale série «The Reservation Dogs» - à découvrir sur Disney+ - qui raconte la vie d’une bande d’adolescents autochtones dans une réserve d’Oklahoma..
4 - Jojo Rabbit (2019)
Johannes (Roman Griffin Davis), surnommé Jojo, est un garçon de dix ans embrigadé par le mouvement Nazis dans la période de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Le jour où il découvre que sa mère, Rosi (Scarlett Johansson), cache une jeune fille juive, Elsa (Thomasin McKenzie), son monde se trouve chamboulé.
Présenté comme une satire contre la haine, «Jojo Rabbit», inspiré du livre «Le Ciel en cage» de Christine Leunens, se voit couronné du prestigieux Oscar du meilleur scénario adapté à la cérémonie de 2020. Élevé par sa mère, dont il utilise parfois le nom de famille (Cohen) pour ses projets artistiques, le réalisateur se présente comme juif polynésien. Ainsi, en se mettant dans la peau d’un Adolf Hitler imaginaire, Taika Waititi se moque des fondements même de cette idéologie extrémiste. Une ironie très contrôlée, grande spécialité du cinéaste.
3 - Vampires en toute intimité (2014)
À Wellington, capitale de la Nouvelle-Zélande (remplacé par Limoges dans la version francophone), cinq vampires vivent en collocation. Sujets d’un documentaire, ils sont suivis par une équipe de caméramans. L’humour noir, omniprésent, séduit dans cette œuvre tirée d'un court-métrage. Suite à son succès, une version sérielle voit le jour en 2019 («What we do in the Shadows» - à découvrir sur Disney+) ainsi qu’une série dérivée («Wellington Paranormal» - à découvrir sur SkyShow).
Présenté au festival de Sundance de 2014, «Vampires en toute intimité» est écrit et réalisé par Taika Waititi et Jemaine Clement, qui enfilent également les costumes des personnages principaux, Viago et Vladislav. Car pour le néozélandais, évoluer devant la caméra est une tradition. Il se met en scène dans chacun de ses longs-métrages et prête sa voix à de nombreux projets. Ainsi, il double le personnage de Mo dans la version originale de «Buzz l’Éclair» (2022) et le lapin Ralph dans le court métrage en stop motion «Save Ralph» (2021) - à voir absolument sur YouTube. Un charisme naturel, doublé d’un plaisir évident, typique de cet artiste aux multiples casquettes.
2 - À la poursuite de Ricky Baker (2016)
Ricky Baker (Julian Dennison) est un jeune délinquant abandonné par sa mère. Placé chez Bella (Rima Te Wiata) et Hec (Sam Neill), un couple de fermier, il y trouve enfin une stabilité familiale. Lorsque Bella meurt subitement, le jeune garçon s’enfuit dans la forêt, poursuivit par les services sociaux. Immense succès dans son pays d'origine, «À la poursuite de Ricky Baker» est devenu le film le plus rentable de Nouvelle-Zélande. Adaptation du roman «Wild Pork and Watercress» de Barry Crump, le long-métrage aborde une profondeur émotionnelle et thématique avec délicatesse et humour.
L’humour, grande arme de Taika Waititi, utilisé avec habilité à travers toute sa filmographie. Car c’est par le rire qu’il parle à son public, s’introduit tout en douceur dans son esprit et fait vibrer ses cordes sensibles. De plus, en plaçant sa caméra au niveau de Riky Baker, un jeune adolescent, il se fait la voix de l’enfance et montre une sensibilité juvénile perçue également dans «Boy» et «Jojo Rabbitt». Une subtilité et un talent de conteur qui ne manquent pas de séduire
1 - Eagle vs Shark (2007)
La timide Lily (Loren Horsley) travaille dans un fast-food. De son côté, Jarrod (Jemaine Clement) est employé d’un magasin de jeux vidéo. Les deux jeunes gens commencent à se fréquenter après une soirée costumée. Mais Jarrod à pour projet de partir confronter l’ancienne brute de son lycée. Dans son premier long-métrage, le réalisateur met en avant des personnages à contre-courant, aux faux-airs de «Napoleon Dynamite» (2004). Une préférence pour les personnalités atypiques présente dans toute sa filmographie. Et si ces protagonistes de nature si particulière peuvent surprendre, ils réussissent, avec habilité, toujours à parler au plus grand nombre.
«Eagle Vs Shark» marque la continuité de la collaboration du cinéaste avec Jemaine Clement après plusieurs courts-métrages. De même, l’actrice Rachel House, qui apparaît ici pour la première fois dans une œuvre du néozélandais, participe par la suite à la grande majorité de ses projets. De «Boy» à «Thor Ragnarok», elle s'est fait une place dans ses créations, avec un rôle annoncé dans «Next Goal Wins», prévu pour 2023. Une famille cinématographique qui participe au processus créatif de l’univers si décalé, mais toujours doux et touchant, de Taika Waititi
Plus d'informations sur «Thor: Love and Thunder», le nouveau film de Taika Waititi au cinéma le 13 juillet.
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