Pour son épopée mafieuse de trois heures et demie «The Irishman», Martin Scorsese réunit les légendes Robert De Niro, Al Pacino et Joe Pesci, dans l’histoire d’un tueur à gages, basée sur des faits réels, disséquant, au passage, la vie de gangsters au XXe siècle.
Voilà des années que Martin Scorsese souhaitait filmer le rapport "I Heard You Paint Houses" de Charles Brandt. Cependant le financement par l’un des principaux studios hollywoodiens s’est avéré difficile, alors Netflix sautera sur l’occasion et Paramount Pictures achètera les droits du film pour 105 millions de dollars. «The Irishman» coûtera au total 159 millions de dollars. Projeté dans des cinémas triés sur le volet dans le monde entier, «The Irishman» sera bientôt disponible sur la plateforme de streaming de Netflix.
The Irishman raconte l'histoire de Frank Sheeran (Robert De Niro), un ancien combattant américain d'origine irlandaise, qui, après la guerre, gagne son pain au service de livraison d’un l'abattoir. Alors qu’il arrondit les fins de mois en revendant une partie de ses cargaisons à la mafia, il se fait un jour épinglé pour vol et fait la connaissance de l'avocat Bill Bufalino (interprété ici par le retraité Joe Pesci), qui lui trouve un emploi auprès de son cousin Russell Bufalino; le chef d'une famille mafieuse travaillant dans la région de Pennsylvanie. Devenu homme de main, Frank exécute les ordres de Russel, lesquels se terminent souvent par quelques meetings agités. Le voilà bras droit de Russel et sa loyauté envers le clan de la mafia lui ouvre les portes du poste de garde du corps du dirigeant syndical Jimmy Hoffa (Al Pacino), avec qui l'homme sans scrupule noue une profonde amitié.
«The Irishman est une expérience intense...»
Emancipé de la réelle chronologie de l’histoire, qui, elle, s’est étendue sur plusieurs décennies, Martin Scorsese use de nombreux sauts dans le temps pour nous conter son «Irishman». C'est ainsi que l'histoire commence dans une maison de retraite, où Robert De Niro, un homme visiblement âgé et en fauteuil roulant, vacille au milieu des souvenirs et se repasse un voyage qu'il fit 20 ans auparavant vers Détroit avec Russell Bufalino et leurs femmes, pour, version officielle, se rendre à un mariage. D’autres flashbacks suivront et révèlent la carrière de Sheeran: de petit fournisseur de viande à confident de Jimmy Hoffa, lui-même étroitement lié à la mafia.
Le réalisateur Scorsese et son scénariste Steven Zaillian nous guident sans jamais trop en dire sur la temporalité du récit. Le meurtre de Kennedy, ou les visages changeants des acteurs principaux, rajeunis ou vieillis en CGI, comptent alors comme autant de marqueurs pour orienter le public. Peu d'action, et ribambelles de dialogues jumelés à un marathon de trois heures et demie, «The Irishman» est une expérience intense.
«Une vision sans doute plus acerbe, plus insidieuse et ô combien solitaire de la mafia...»
Intense, certes, mais qui vaut diablement la peine tant les acteurs principaux sont à leur meilleur. «The Irishman» est raconté avec une extrême élégance, réfléchi dans les moindres détails, parsemé d'un humour cinglant et porté par une photographie spectaculaire. Et on en redemande, encore et encore! Contrairement à ses œuvres précédentes, Martin Scorsese livre une vision sans doute plus acerbe, plus insidieuse et ô combien solitaire de la mafia. Et cette mélancolie qui surplombe le film, émouvante. Du haut de ses 76 ans, il prouve une nouvelle fois qu'il est bel et bien maître de son art.
4,5/5 ★
Plus d'informations sur «The Irishman». Depuis le 13 novembre au cinéma et à partir du 27 novembre sur Netflix.
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