Review30. September 2022 Theo Metais
Apple TV+ : «The Greatest Beer Run Ever» - Zac Efron traverse l’Histoire une bière à la main
La nouvelle comédie de Peter Farrelly nous emmène à Saïgon, en pleine guerre du Vietnam, avec un Zac Efron bien décidé à livrer des bières à ses amis.
Au cinéma, les voyages de Peter Farrelly sont toujours intérieurs. Sur la route, en chemin, au fil de ses films, les illuminés se sont peut-être un peu assagis, mais il les a faits se révéler à eux-mêmes, les confrontant à l’histoire, et à leurs propres contradictions; poursuivant ainsi, et muni d’un humanisme indéfectible, une touchante exploration des reclus, des brutes et des sots. Dernier coup de cinéma en date, son «Green Book» oscarisé qui emmenait les excellents Viggo Mortensen et Mahershala Ali sur les routes ségréguées des états du Sud. Chemin faisant, Tony 'Lip (aka Viggo Mortensen) y découvre l’altruisme, la poésie.
Et c’est au tour de Zac Efron de reprendre ce précieux flambeau. Nanti d’une foi impénétrable, il risque sa peau de chagrin pour une mission dérisoire : une livraison express de bières américaines sous les bombes des lignes de Saïgon. Comme si le personnage de Lloyd Christmas incarné par Jim Carrey dans «Dumb & Dumber» avait traversé la pellicule d’«Apocalypse Now» une canette de Pabst Blue Ribbon à la main…
Présenté en avant-première au festival international du film de Toronto et produit par Apple Studios, «The Greatest Beer Run Ever» raconte l’histoire librement adaptée de Chickie Donohue pour raconter le Vietnam à travers le regard d’un civil. Une particularité notable parmi la riche tradition de cette guerre au cinéma. «Apocalypse Now» (1979), «Full Metal Jacket» (1987), «Platoon» (1986), Peter Farrelly l’a dit lui-même, il les a tous revu un à un pour éviter la copie. Même la bande-son est différente, d’époque certes, mais elle résonne ailleurs.
D’aucun.e.s le prennent pour un agent de la CIA. Son idée est trop stupide, cela ne peut être qu’une couverture et ses amis qui lui assènent de rebrousser chemin. Dans l’une de ses meilleures performances à ce jour, et accompagné d’une admirable distribution (Bill Muray, Russel Crowe), Zac Efron révèle un talent comique aperçu notamment dans «The Beach Bum» (2019). Il est l’idiot naïf au travers duquel se décantent les atrocités de l’engagement militaire au Vietnam. Peter Farrelly place le rire au bon endroit, sur les bougres élevés à la bière, l’impérialisme américain, l’effort de guerre, et les médias.
Sous ses airs de farce un peu potache, «The Greatest Beer Run Ever» porte ses personnages jusqu’à l’attaque de l'ambassade des États-Unis à Saïgon lors de l'offensive du Tết en 1968. Se faisant ainsi le récit des bavures, des ignominies, et notre anti-héros d’en revenir abattu. Son parcours deviendra d’ailleurs la parabole d’une nation qui aurait dû déposer les armes. «Ce n’est pas une guerre, c’est une gigantesque scène de crime», les mots résonnent de la voix sombre de Russel Crowe, journaliste et photographe de guerre. Alors, dans la volte d’un genre que Farrelly maîtrise à la perfection, «The Greatest Beer Run Ever» révèle une cinglante comédie.
4/5 ★
Disponible à partir du 30 septembre sur Apple TV+.
Bande-annonce:
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