Review6. September 2022 Maxime Maynard
«Tout le monde aime Jeanne» - Un premier long-métrage réussi pour Céline Devaux
Réalisatrice, scénariste et dessinatrice, avec «Tout le monde aime Jeanne», Céline Devaux offre un premier long-métrage hybride surprenant, présenté en compétition pour la caméra d’or à la 75e édition du Festival de Cannes.
Suite à un fiasco professionnel, Jeanne Mayer est au bord de la ruine. Pour remonter la pente, une seule solution : vendre l’appartement lisboète de sa mère, hérité à la suite de son suicide. En route pour le Portugal, elle croise le chemin de Jean, un ancien camarade de classe excentrique qui pourrait bien être l’aide dont elle a besoin.
Comédie dramatique et romantique, «Tout le monde aime Jeanne» est une œuvre mixte dans sa forme et son fond. Accompagnée d’un dialogue intérieur permanent, l’histoire s’entrecoupe de passages d’animation, réalisés à la main par la cinéaste. De drôles de petits dessins, à l’agréable parfum d’un autre temps, qui illustrent les tourments intérieurs de Jeanne.
Une magnifique composition qui flatte l’œil et attise l’intérêt.
De plus, le récit se rapproche de classiques de la comédie romantique par une utilisation très personnelle du cliché de la «Manic pixie dream girl», ou l’introduction d’un personnage déluré, principalement féminin, servant à l’évolution psychologique du protagoniste. Mais ici, les rôles s’inversent, et c’est Jean, délicieusement interprété par un Laurent Lafitte parfaitement à l’aise, qui se fera le support dont Jeanne a besoin pour avancer, nous offrant, au passage, quelques-unes des meilleures répliques du film.
Deux fois lauréate du Molière de l’humour pour ses spectacles, Blanche Gardin s’y connait en comédie. Mais si sa présence laissait entendre un enchaînement de blagues grinçantes, force est de constater que le long-métrage fait preuve d’une profondeur et d’un sérieux admirablement exécutés. Ainsi, des thématiques universelles et actuelles traversent l’œuvre et trouvent un écho auprès du public.
Le deuil et la toxicité familiale, L’anxiété écologique et la santé mentale : des sujets complexes abordés avec savoir faire qui contrastent avec l’éclatante explosion de couleurs de l’image. Car c’est dans les fabuleux paysages de Lisbonne, présentés dans de merveilleux plans larges, qu’évolue Jeanne. Une magnifique composition qui flatte l’œil et attise l’intérêt, le tout accompagné par la bande originale hypnotisante de Flavien Berger.
«Tout le monde aime Jeanne» est une œuvre mixte dans sa forme et son fond.
Avec le même talent qui lui permit de remporter le prix du meilleur court-métrage à la Mostra de Venise en 2017, Céline Devaux présente «Tout le monde aime Jeanne», une œuvre aboutie à l’esthétique impeccable. À savourer.
4/5 ★
Le 7 septembre au cinéma
Plus d'informations sur «Tout le monde aime Jeanne»
Bande-annonce
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