Article16. Januar 2024 Cineman Redaktion
«True Detective : Night Country», 5 bonnes raisons de trembler devant la nouvelle série
Les nuits éternelles de l’Alaska devant la caméra d'Issa López, qui remplace le créateur Nic Pizzolatto. La série d'anthologie «True Detective» fait son grand retour avec Jodie Foster, Kali Reis et un petit air de John Carpenter. Disponible sur Sky, Canal+ et la RTS.
(Un texte de Christopher Diekhaus, adapté de l’allemand)
1 - Lugubre au bout du monde
Dans les trois premières saisons de «True Detective», jamais les lieux n’ont constitué de vulgaires arrière-plans. Au contraire, ils constituaient une partie intégrante du récit et paraphaient la psyché des personnages. Sous la houlette des producteurs Matthew McConaughey, Nic Pizzolatto, Woody Harrelson, Jodi Foster, Cary Joji Fukunaga, Nic Pizzolatto ou encore Barry Jenkins, «True Detective : Night Country» ne déroge pas à la règle. En effet, après la Louisiane, une ville industrielle californienne et les hauts plateaux des Ozarks, cette quatrième série nous dépose au fin fond de l'Alaska, à Ennis, une bourgade fictive étouffée par la neige, dernier bastion avant le bout du monde.
D’une hostilité rugissante, l'action commence un 17 décembre, précisément le jour du dernier coucher de soleil avec une nuit polaire de plusieurs semaines. Et bientôt, l'obscurité s’installe inexorablement. Il parait qu’à Ennis, même les morts s'ennuient l’hiver… Voilà l’entame glaçante d’une série policière qui raconte la disparition mystérieuse de plusieurs scientifiques qui sondaient le pergélisol de l’Arctique.
2. À la faveur des femmes
Si l’anthologie de Nic Pizzolatto prenait habituellement la forme d’une anthropologie de la masculinité, voilà que les rôles s’inversent. Dans «Night Country», ce sont bien les femmes qui reprennent le contrôle. Jodie Foster incarne Liz Danvers, cheffe impétueuse de la police locale et honnie par la plupart de ses collègues qui, en parallèle, se débat avec l’éducation de sa belle-fille Leah (Isabella Star LaBlanc).
Pour lui tenir tête, Evangeline Navarro (Kali Reis), qui appartient à la police d’État et avec qui Danvers formait autrefois une équipe. Réunies malgré elles par les affluents de cette mystérieuse affaire, les deux protagonistes devront faire face à leurs traumas. Aux antipodes l’une de l’autre, la disparition des huit chercheurs fait ressurgir une affaire classée dont les implications rouvrent des plaies béantes. Un tandem de prestige que choisit la showrunner mexicaine Issa López pour nous faire voyager dans les ténèbres de l'Alaska.
3. Jodie Foster, une enquêtrice bourrue
Les cinéphiles qui se souviennent du film «Le Silence des agneaux» de Jonathan Demme reconnaitront certainement un peu de ce classique en regardant «True Detective : Night Country». Jodie Foster qui, en 1991, incarnait Clarice Starling, une aspirante au FBI qui interrogeait le tueur Hannibal Lecter pour les besoins d’une enquête, revêt désormais le badge d’une flic rompue par la profession. Loin d’être une figure sympathique, elle ne cesse de heurter son entourage et submerge son jeune collègue policier (Finn Bennett), en qui, sans doute, elle reconnaît un peu de son fils disparu.
Ainsi, les traits de l'impassible Foster s'accordent à merveille avec le rôle de cette cheffe amère qui tente en vain de réprimer sa peine. Avec véhémence, et une étonnante bienveillance, la double lauréate d'un Oscar parvient à créer une protagoniste aux multiples facettes. Une prestation magnétique que l'on regarde avec plaisir non dissimulé. Également remarquable, la partition de l'ex-championne Kali Reis (première boxeuse autochtone à devenir championne du monde), qui confère à Navarro une volte passionnante, faite de rancœur, de physicalité et de vulnérabilité.
4 - La perspective autochtone
Plantée à l'extrême nord de l'Alaska, «True Detective : Night Country» accorde une place de choix aux descendants indigènes de cette région. Des origines du personnage de Kali Reis au personnage d'Isabella Star LaBlanc, qui s'interroge sur son héritage Iñupiat, la série capte les coutumes de cette population, mais aussi leur rébellion.
Plus gros employeur de la ville, la mine est notamment responsable de la pollution de l'eau qui provoque des fausses couches à répétition. L’inaction infâme atour de ce sujet provoque d’importantes protestations dans lesquelles les membres indigènes sont en première ligne. Des fractures passionnantes intégrées par Issa López dans son intrigue. Si elles manqueront un peu de poids, elles confèrent néanmoins à «Night Country» une aura singulière.
5. Un thriller aux portes du surnaturel
Plus encore que les précédentes saisons de «True Detective», ce quatrième volet joue sur les possibilités de la métaphysique et se charge de mysticisme. On dit souvent qu'à Ennis, les morts sont toujours présents. Et au cœur de l'obscurité hivernale, rien n’est plus vrai. Il parait même qu’une présence se réveille… Alors que Liz Danvers s’en remet au rationalisme, Evangeline Navarro, elle, croit fermement au monde des esprits et se sent hantée par une malédiction familiale.
Y a-t-il véritablement une malédiction et la disparition des scientifiques pourrait-elle aussi s’expliquer dans l’au-delà? La mise en scène se fait le miroir de ces questionnements et Issa López insère de nombreuses séquences aux bords de l’étrange. Parfois un peu maladroit, «True Detective : Night Country» appuie (trop?) la symbolique et les aficionados y découvriront d’ailleurs des ficelles bien connues. Or, en associant le polar à l'horreur, la série gagne en atmosphère et se démarque ainsi des produits surannés du genre.
3.5 / 5 ★
«True Detective : Night Country» est une série HBO disponible sur Sky Show, Canal+, la RTS et sur Play RTS.
Bande-annonce de «True Detective : Night Country»
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