Article18. Juni 2024

«Ultraman: Rising» sur Netflix, Kaijū, SF et animation pétillante

«Ultraman: Rising» sur Netflix, Kaijū, SF et animation pétillante
© 2024 Netflix, Inc.

Le super-héros Ultraman est de retour sur les écrans. Présenté en séance événement au dernier Festival d'animation d'Annecy, «Ultraman: Rising» est à découvrir depuis le 14 juin sur Netflix. On fait le point.

Poussé par son père, Kenji Sato abandonne sa vie américaine et retourne au Japon afin de reprendre le flambeau familial. C’est maintenant à son tour de devenir le nouveau Ultraman et de protéger la population des dégâts causés par les Kaijū. Mais, prodige du baseball égocentrique, il aimerait bien pouvoir profiter des avantages de la célébrité. Lorsqu’il sauve un petit bébé Kaijū qui semble le prendre pour sa mère, il va devoir faire preuve de maturité et prendre soin du nouveau-né, tout en le cachant aux yeux du KDF, une milice qui fera tout pour le récupérer.

Un héros déchiré entre deux cultures.

«Ultraman: Rising» sur Netflix, Kaijū, SF et animation pétillante
© 2024 Netflix, Inc.

En 1966, le public nippon découvrait pour la première fois à la télévision les aventures du superhéros Ultraman. Deuxième série de la franchise Ultra après «Ultra Q», sortie la même année, c’est un succès retentissant! Encore de nos jours, l’engouement provoqué persévère. Et avec un créateur comme Eiji Tsuburaya, quoi de plus normal? Spécialiste des productions aux effets spéciaux gargantuesques et ahurissants, il est considéré dans son pays comme le “Père” du genre tokusatsu - contraction du terme tokushu satsuei qui désigne les œuvres en prises de vues réelles qui font usage intensivement d’effets spéciaux.

Première figure d’un genre de héros désigné comme «Kyodai» pouvant prendre une taille colossal, Ultraman est l’un des piliers du divertissement japonais. Mais pour cette nouvelle adaptation, il se pare de saveurs occidentales, reflet de la coproduction et de la réalisation américaine. Son personnage central devient alors Kenji Sato, un célèbre joueur de baseball. Né au Japon avant de déménager aux États-Unis avec sa mère, il est de retour dans son pays natal, pour reprendre le costume de héros délaissé par son père vieillissant. Égocentrique et imbu de lui-même, Kenji dévoile dans des instants de vulnérabilité un certain mal-être lié à sa position de perpétuel étranger: plus vraiment japonais, mais jamais assez américain. Une illustration touchante qui saura parler à une communauté issue de l’immigration où le sentiment d’être chez soi nulle part flotte dans l’air.

Le plus mignon des Kaijū

«Ultraman: Rising» sur Netflix, Kaijū, SF et animation pétillante
© 2024 Netflix, Inc.

Les kaijū, ce sont, au cinéma, ces créatures gargantuesques et monstrueuses qui traversent les villes japonaises en détruisant tout sur leur passage. Représentation de forces contre lesquelles nulle ne peut se défendre, ces créatures sont intimement liées à la culture japonaise et au Shintoïsme. Plus ancienne religion du pays, le Shintoïsme - littéralement “Voie des Dieux” - rejoint de nombreuses autres croyances mondiales en expliquant les phénomènes naturels ou incontrôlables à travers des incarnations mystiques. De cette façon, Godzilla, incontestablement le plus célèbre de tous les kaijū, débarque au cinéma en 1954 et incarne, par sa force brute destructive, l’impacte atomique d’Iroshima et Nagasaki, encore fraîchement ancré dans la mémoire collective.

Mais, comme l’explique si bien le professeur Sato, père du protagoniste dans «Ultraman Rising», Les kaijū ne sont ni bons, ni mauvais, et méritent tout autant de vivre que le genre humain. Un point de vue que les employés de la KDF (Kaijū Defense Force), une milice chargée de protéger la population de ces créatures, sont bien loin de partager. Pour eux, ces monstres doivent être exterminés et, devant l’illustration de leur capacité destructrice, le public ne peut qu’acquiescer. Pourtant, tout change à l’apparition d’un adorable bébé Gigantron. Son design de dragon en peluche rose fera craquer les plus insensibles. Avec lui, c’est le genre entier du long métrage qui se transforme et glisse d’un film de monstres et de superhéros basique, vers une introspection sensible de son protagoniste. En effet, Kenji Sato, d’abord particulièrement égocentrique, devra apprendre à s’occuper de cette (gigantesque) petite créature. Et devant son petit regard et sa bouille à craquer, nous ne pourrions qu’en faire autant.

Une superbe animation de qualité

«Ultraman: Rising» sur Netflix, Kaijū, SF et animation pétillante
© 2024 Netflix, Inc.

En 2018, «Spider-Man: New Generation» débarquait en grande pompe sur les écrans et transportait le public dans un univers animé éblouissant, qui mélangeait les techniques pour se rapprocher au plus près des dessins typiques des comics originaux. Le résultat, particulièrement réussi, avait séduit l’Académie des Oscar, qui l’avait couronné meilleur film d’animation de l’année 2019. À sa suite, plusieurs longs métrages se sont emparés de l’idée pour offrir des illustrations léchées et mémorables. À son tour, «Ultraman: Rising» propose une expérience d’animation en 3D flirtant subtilement avec la 2D et rappelle ainsi d’autres supports de divertissement japonais, comme les mangas et les animes.

Avec ses couleurs éclatantes, l’image capture les regards et transporte facilement le public au cœur de l’aventure. Pour diriger le projet, Shannon Tindle, pour la première fois à la réalisation, se fait aider par John Aoshima. Et les deux Américains s’y connaissent en animation. Lauréat d’un Emmy Award pour son travail sur la série «Foster, la maison des amis imaginaires», Shannon Tindle participe à la création de la production Laika «Kubo et l’Armure magique» (2016) et de la minisérie Netflix «Inoubliable Ollie». De son côté, John Aoshima contribue à plusieurs séries à succès, comme l'inoubliable «La Bande à Picsou» de 2017 ou la géniale «Souvenirs de Gravity Falls». Un bouillon de talent au profit d’une œuvre à ne pas manquer sur Netflix.

«Ultraman: Rising» est à découvrir sur Netflix depuis le 14 juin 2024.

Bande-annonce d'«Ultraman: Rising»

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