Critique10. Oktober 2022 Theo Metais
3 bonnes raisons de regarder «The Midnight Club» sur Netflix
Profanes passez votre chemin! La nouvelle élucubration du petit prodige de l’horreur Mike Flanagan «The Midnight Club» se fait le récit d’un club pas vraiment comme les autres...
1 - Petit prince de l’horreur
Comme un label qualité, il est à lui seul une curiosité suffisante pour aller faire un tour du côté de son «The Midnight Club». Avec les années, le cinéaste du Massachusetts s’est forgé une solide réputation dans le genre parfois suranné de l’horreur psychologique. «Parmi les souvenirs, ceux de l’enfance sont les pires» chantait Barbara, et Flanagan ne s’y est pas trompé. Une rime au cœur de «The Haunting of Hill House» en 2018, une série impressionnante sur le sort d’une famille qui retourne, 26 ans après, au chaud de ce manoir qui l'a vue grandir.
Sur grands écrans, le spin-off qu’il consacrait à «The Shining» en 2019 avec Ewan McGregor marchait dans une veine similaire sur les traumas indicibles de l’enfance. Et nous y voilà à nouveau, l’enfance, l’adolescence, ces entre-deux mondes singuliers; cette fois-ci Mike Flanagan en brosse un autre portait. Atteints de maladies incurables, les membres du Midnight Club y sont tout bonnement condamnés.
2 - Diagnostiques secondaires
La maladie n’est pas l’apanage des adultes et la télévision s’y est trompée plus d’une fois, pire lorsqu’elle s’est effondrée dans le naturalisme et la mièvrerie. Si «The Midnight Club» n’est pas la grande série attendue, elle n’en reste pas moins le miroir d’individualités complexes. Au milieu des années 90, et portée par une très solide distribution, et des rôles savamment écrits, la série se moque aussi du regard que le monde extérieur porte sur ces adolescents en phase terminale, déclenchant au passage un rire sensible et soucieux de ses protagonistes. Et ainsi se révèle la sévérité des diagnostics: leucémie, cancer, séropositivité...
Avec une dose d’humour réfléchie, Mike Flanagan et le cocréateur Leah Fong parlent de métastases et de chimiothérapie, le tout au cœur d’une narration particulièrement sensée. Et oui, puisque au sein de ce club, si la quête de sens et l’espoir d’un miracle ne sont jamais très loin, il s’agit surtout de faire la lumière sur les hôtes d’antan, ces effroyables apparitions, cette ombre fantomatique et cette étonnante Julia Jayne qui aurait survécu. La maladie, presque secondaire, est un véhicule vers le surnaturel et leurs rédemptions ne sont pas simplement cliniques.
3 - Institut de l’horreur
Comment faire peur à celles et ceux qui tutoient déjà la mort? Ici, l’auditoire est pour le moins aiguisé. Adaptée d'une nouvelle de 1994 de Christopher Pike, comme une ligne directe avec la série littéraire de R.L Stine intitulée «Chair de poule» et autre «Fais-moi peur !» (en VO «Are You Afraid of the Dark?») à la télévision, «The Midnight Club» est rythmée par les rendez-vous nocturnes de ces jeunes qui, après quelques incantations cryptiques, égrènent des histoires à dormir debout. Un club de paroles, les récits permettent en effet de cristalliser leurs souffrances, de leur offrir ce précieux socle de fiction pour les faire flotter ailleurs.
Et puis, devenant tour à tour conteurs et acteurs de leurs propres histoires, ce club s’amuse aussi des ficelles du genre horrifique. Aussi geek que le «Hellfire Club» de «Strangers Things», ils maitrisent la légende de Sweeney Todd sur le bout des doigts, et voilà que s’enguirlandent jump-scare, pacte avec le diable, chats noirs et autre Deus ex machina. Un cabinet très 19e qui devient un institut de l’horreur, «The Midnight Club» mêle l'occulte, à l’art des bardes, au lyrisme, et à la poésie singulière d’une histoire joliment contée.
A découvrir dès maintenant sur Netflix.
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