Article6. Juni 2024 Cineman Redaktion
5 bonnes raisons de découvrir la série «Eric» sur Netflix
Un père endeuillé trouve du réconfort auprès d'un monstre. Avec Benedict Cumberbatch et Gaby Hoffmann, la nouvelle série «Eric» est un vrai coup de cœur. On décrypte.
(Un texte de Peter Osteried, traduit de l’allemand)
Ces derniers temps, la plateforme au N rouge s’est octroyée le privilège de quelques succès notables. Dernier en date, la mini-série «Mon petit renne» de Richard Gadd (lire notre critique) en avril dernier. Disponible depuis le 30 mai, la série «Eric», créée par la dramaturge Abi Morgan et réalisée par Lucy Forbes, devrait, elle aussi, retenir toute votre attention.
À New-York, en 1985, dans une métropole ou la situation des sans-abris, l’épidémie de SIDA, la discrimination, le racisme, la corruption et les problèmes de santé mentale font rage, la série explore la disparition d’Edgar, un jeune garçon. Benedict Cumberbatch incarne Vincent Anderson, son père, alors qu’il imagine voir un monstre dessiné par son fils disparu.
1 - Les années 80 comme décor
«Eric» excelle dans le remaniement visuel de cette décennie à l’écran. New York devient cette métropole miteuse, effroyable même, lorsqu’elle nous rappelle le Monoch, divinité qui dévore ses pieux fidèles avant de recracher leurs restes. Notons l’excellente mise en scène et le style implacable des 80s. Dans «Eric», tout paraît vrai, et laisse transparaître la volonté de réalisme au-delà du fantastique, une démarche que nous saluons. La série dévoile un drame profond qui, non content d’épier son personnage principal, explore la palette de protagonistes qui l’accompagnent.
2 - La tête qui flanche
Benedict Cumberbatch incarne donc ce père éperdu et marionnettiste pour un show télévisé qui rappelle la cultissime émission «Sesame Street». Avec ses airs à la Samson (personnage de «Sesame Street»), bientôt la créature, dénommée Eric et dessinée par Edgar, prend vie. On pourrait croire à une lubie de l’imaginaire, mais la réalité est tout autre. En effet, le monstre est bel et bien la manifestation des troubles mentaux du personnage de Benedict Cumberbatch.
Loin d’être agréable, mauvais père, porté sur la boisson et collègue instable, Vincent a des choses à régler. Pour lui donner vie, Cumberbatch captive. Avec Eric et son entourage, l'acteur dévoile une partition erratique, au bord de la folie. Un état d’âme qui ne peut s’expliquer que par la perdition face à l’absence de son fils.
3 - Au-delà des apparences
La série «Eric» s’entame comme une histoire de disparition dans laquelle il s’agit d’identifier le kidnappeur (et potentiellement le meurtrier). Certes, des suspects sont arrêtés, et une enquête se profile avec son lot de bons et mauvais filons. Mais les ambitions d’«Eric» sont diverses et s’éloignent aussi de la direction initiale.
En toile de fond, la série s’appuie sur l'augmentation spectaculaire du sans-abrisme dans le New York des années 80, et elle nous donne même des clés de compréhension. Finalement, les sujets qui se regroupent autour de cette affaire de kidnapping sont multiples et il s’agit moins des monstres sous le lit que ceux qui prennent la forme d’un être aimé.
4 - Une deuxième histoire
Comme nous l'avons expliqué, «Eric» est loin de se focaliser simplement sur la disparition du jeune garçon et explore d'autres horizons. Ainsi se dévoile l'histoire de l'officier Ledroit (McKinley Belcher III). Gay et confronté au racisme, le policier est en proie à bien des difficultés alors qu'il est chargé d'enquêter sur un deuxième cas de disparition qui avait été classé par ses collègues des mois auparavant. Et bientôt une question émerge: ces deux disparitions seraient-elles connectées?
Deux enfants disparaissent, deux drames ancrés au cœur de deux groupes, l'un racisé, l'autre non et qui permettent aux équipes derrière la série de souligner le différent traitement de ces affaires par les autorités. Parfaitement mise en scène, «Eric» nous parle de la police, de ses méandres, de dissimulation, de corruption, et dévoile l'autre visage des forces de l'ordre. Et dans ses meilleurs moments, la série n'est pas sans rappeler la saison «NYX» d'«American Horror Story» ou encore «Serpico» (1973) de Sidney Lumet.
5. Sans oublier les poupées
Enfin, la profession de marionnettiste de Vincent offre un socle narratif intéressant au personnage de Benedict Cumberbatch. Nous apprécions de le voir naviguer sur le plateau de son émission et en coulisse avec ses collègues. Il est aussi étonnant de voir à quel point l'acteur modifie sa voix alors qu'il incarne la créature imaginée par son fils. En effet, si les voix se ressemblent, c'est qu'Eric est une projection mentale du côté sombre de Cumberbatch.
Les interactions de l'acteur avec la bête offriront d’ailleurs quelques moments de belles voltiges visuelles. En somme, «Eric» est un drame puissant qui permet de sonder l'âme de son protagoniste. Psychodrame et miroir aux alouettes d'une métropole, la série imaginée par Abi Morgan offre aussi et surtout une belle expérience de visionnage durant les six épisodes.
4,5/5 ★
«Eric» est disponible sur Netflix depuis le 30 mai:
Bande-annonce d'«Eric»
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