Article18. September 2023 Cineman Redaktion
Aki Kaurismäki, 5 anecdotes sur l’éclectique cinéaste finlandais
Cinéaste engagé pour la cause des déclassés, ses films sont depuis quarante ans autant des invitations au voyage que des œuvres à l’humour caustique, poétique et mélancolique. Alors que sort «Les Feuilles mortes», son nouveau film, zoom sur l’univers singulier du finlandais Aki Kaurismäki. Le saviez-vous ?
(Un article de Laurine Chiarini)
1 - Deux frères aux manettes
Grands admirateurs de Godard, Ozu, Carné et du film noir américain, le jeune Aki et son frère Mika ont forgé leur cinéphilie en enchaînant les films à la cinémathèque de Finlande dès qu’ils en avaient l’occasion. Mika part ensuite étudier le cinéma à Munich, mais Aki est recalé au concours d’entrée d’une école de cinéma finlandaise pour cause de « cynisme excessif ». En 1980, les deux frères créent leur propre société de production, Villealfa, en hommage au film «Alphaville : une étrange aventure de Lemmy Caution» (1965), de Jean-Luc Godard.
2 - Bar, caméra, écran !
En 1987, il ouvre un cinéma à Helsinki, baptisé Kino Andorra. Le lieu s’agrandit 5 ans plus tard avec l’ajout du Corona Bar, premier bar en Finlande à recevoir l’autorisation légale d’être exploité sans portier, alors obligatoire à l’époque. L’énorme popularité du bar est la raison derrière l’ouverture de l’adjacent Kafe Moskva peu après, qu’Aki et son frère auraient conçu comme « lieu refuge ». Le Dubrovnik, décrit comme un « salon public », suit de près. L’endroit doit son nom à l’enseigne en néon rescapée de son film «Drifting Clouds», réalisé en 1996. Transformé en hôtel, le complexe a fermé ses portes en 2019.
3 - Dostoïevski à Helsinki
En 1983, il tourne une adaptation de «Crime et Châtiment», de Dostoïevski. L'action se déroule dans un Helsinki contemporain et met en scène un Raskolnikov ex-étudiant en droit devenu ouvrier dans un abattoir. Le cinéaste explique s’être attaqué à ce monument de la littérature russe après avoir lu le livre de Truffaut dédié à Hitchcock, dans lequel le maître du suspense anglais explique au cinéaste français que toucher à ce livre pour en faire un film serait bien trop difficile. Même si Kaurismäki a plus tard admis qu'Hitchcock avait raison, le film est devenu un classique du cinéma finlandais.
4 - L’humour, signature de la mélancolie
À la question de savoir ce qui définit l’esprit finlandais, Kaurismäki répond sans hésiter la mélancolie. Il explique que le manque de luminosité, et de vitamine D, est l’une des raisons scientifiquement prouvées derrière le taux de suicide élevé dans le pays. Dans sa propre famille, des hommes ont mis fin à leurs jours. C’est l’une des raisons pour lesquelles il passe la moitié de l’année au Portugal, avec son épouse. Et pourtant, ses films sont drôles : « quand tout espoir est envolé, il n’y a plus de raison pour le pessimisme. »
5 - Un casting qui a du chien
Les films de Kaurismäki incluent systématiquement la présence d’un chien, souvent hirsute, toujours mignon. Son dernier film, «Les Feuilles mortes», met en scène son propre chien, tiré de la rue près de sa maison au Portugal, et qui mériterait « la Palm dog » d’après son maître. En 2021, deux ans après la fin de l’aventure Kino Andorra, le Finlandais ouvre Kino Laika, salle de cinéma dans les murs d’une ancienne fonderie, qui tire son nom du premier chien dans l’espace. L’aventure de Kino Laika constitue le sujet de « Cinema Laika », documentaire du Croate Veljko Vidak, sorti en juin 2023.
«Les Feuilles mortes» est à découvrir au cinéma à partir du 20 septembre.
Bande-annonce de «Les Feuilles mortes»
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