Elle s’est éteinte en 2018, à 76 ans, First Lady de la musique pour les uns, reine de la soul pour les autres, en 1972, Aretha Franklin enregistrait sans s’en douter dans une église de Los Angeles ce qui deviendra l’un des grands succès de sa carrière. L'album d’un concert vieux de 48 ans dont on découvre enfin les images.
Reine incontestable de la soul, en janvier 1972, l’immense Aretha Franklin enregistre un album live dans une église intimiste du quartier de Watts à Los Angeles avec le pasteur James Cleveland et le Southern California Community Choir. Devenu le disque le plus vendu de toute sa carrière, un problème technique aura raison du projet organisé par la Warner et les équipes du réalisateur Sydney Pollack. Deux soirées magistrales d’un concert devenu légendaire, mais les images ne seront jamais dévoilées… jusqu’à aujourd’hui.
Dans les années 70, en plein âge d’or des rockumentary, la firme Warner Bros. Pictures, alors en pleine expansion de son département musical, cherche de nouveaux ressorts pour vendre des places de cinéma et des albums. Figure sainte de la soul, en 1972 la fille de Memphis a déjà enregistré près de 18 albums. Et à l’aube de ses 30 ans, elle rend hommage au répertoire qu’elle chantait, jadis, sur les routes des États-Unis avec son père, le révérend C.L Franklin, au pupitre de la New Temple Missionary Baptish Church. Sur deux soirées, la Warner offre à Sydney Pollack, alors âgé de 38 ans et fraîchement oscarisé pour son film «They Shoot Horses, Don't They?» (1969), la réalisation de ce concert filmé. Seulement voilà, Pollack oubliera de synchroniser le son et se retrouve, après deux jours de tournage, avec le premier concert filmé muet de l’histoire...
Les images enfin dévoilées, nous découvrons cette relique, sorte de St Graal pour tous les amateurs de soul. Aretha Franklin, comme une apparition sublime aux portes du paradis. Une bobine découpée sur deux nuits, deux soirées de concert, où dans les allées de l’église se croisent notamment Mick Jagger, de passage, et C.L Franklin, le père. Un concert entamé avec une reprise de «Wholy Holy» de Marvin Gaye avant l’ultime «Amazing Grace» d’une beauté époustouflante ou la version endiablée de «Climbing Higher Mountains» pour celer la légende. Si la réalisation modeste conserve les cicatrices de ses problèmes techniques, les images, elles aussi, s’embaument de cette rédemption dont parle Aretha Franklin.
Le concert en appelle au divin et nous cueille avec grâce. Des images chargées d’histoire aussi, quelques années avant que le père d’Aretha Franklin ne soit abattu de deux balles. Dans «Amazing Grace», les fantômes n’ont peut-être jamais été aussi beaux et nous hantent d’une fièvre vieille de près de 50 ans. Alexander Hamilton en maestro d’une chorale émue par la reine Franklin, et James Cleveland au piano pour un enregistrement éblouissant. Une résurrection initiée par le musicien et producteur Alan Elliott. «Amazing Grace» trouve enfin le chemin des salles romandes pour certainement l’un des grands moments de grâce de cette année 2020.
4/5 ★
Plus d'informations sur «Amazing Grace».
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