News12. April 2021 Lino Cassinat
Amazon Prime: «Them» - Série horrifique anthologique par Little Marvin
Depuis que Jordan Peele a réussi à inclure l’histoire afro-américaine dans le genre de l’horreur, les tentatives similaires se multiplient avec plus ou moins de succès. Après la décevante série «Lovecraft’s Country» chez HBO et l’horrible film «Antebellum», c’est au tour d’Amazon de tenter sa chance avec «Them», une série d’anthologie dont la première saison intitulée «Covenant» vient de sortir et qui met une famille noire à l’épreuve de l’Amérique raciste des années 50 à Los Angeles... et quelques évènements étranges.
(Pour cette première impression nous avons visionné les 2 premiers épisodes)
Dans les années 50 en Amérique, une famille noire quitte l’état de Caroline du Nord pour s’installer en Californie et fuir une mentalité sudiste menaçante. Mais à peine installés, les Emory se rendent compte qu’ici comme ailleurs, ils sont surveillés et observés.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’en passe des choses au cours des deux premiers épisodes de la série de Little Marvin, et si c’est à la fois sa richesse, cela risque aussi de devenir sa faiblesse, même si le départ est pour l’instant prometteur. Avec quatre personnages d’âges divers et de genre divers, «Them» excelle à rendre compte l’expérience ordinaire d’un racisme tentaculaire et à dresser un tableau dont la précision et surtout l’exhaustivité impressionne. Les particularités de chacune de leur situation s’additionnent et permettent de dégager un inventaire édifiant (et assez nauséeux) des biais et hypocrisies qu’on leur impose et cette ambiance de persécution sert de carburant très efficace à la paranoïa globale du récit.
«Them» excelle à rendre compte l’expérience ordinaire d’un racisme tentaculaire...
Il y a pourtant un élément qui coince : «Them» a pour le moment beaucoup de mal à passer le stade supérieur de l’inquiétude lancinante, et ses tentatives pour créer de la peur pure sont franchement bancales. Si les vulnérabilités des personnages sont tout à fait crédibles et si la toile de fond est bien oppressante, la menace extérieure immédiate des personnages a du mal à s’incarner, et c’est bien là que la richesse de la série se retourne contre elle: l’intrigue est trop diffuse, frôlant même parfois la désorganisation. Car, aux voisins flippants, s’ajoute également une protohistoire de fantômes, de maison hantée et de visions nocturnes (évidemment infligées à la sempiternelle figure de l’enfant magique), et ce jet surnaturel vient s’ajouter comme un cheveu sur la soupe d’une histoire très humaine qui n’avait clairement pas besoin de cela pour marcher droit.
Alors, il y a bien quelques jump-scares bien amenés, quelques scènes de pur malaise (dont une autour d’une dégustation de tarte, ce qui n’est pas banal), et les acteurs comme la mise en scène sont très inspirés et multiplient les hauts-faits dramatiques et les cadres travaillés. Mais enfin, on s’inquiète un peu de voir «Them» diluer son sujet dans un pulp un peu gratuit...
3,5/5 ★
A découvrir dès maintenant sur Amazon Prime._
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